Jean Gabin (1904-1976) est le septième enfant d'un chanteur d'opérettes et d'une plumassière du quartier du Sentier qui s'est reconvertie en artiste de café-concert avant de renoncer à sa carrière en devenant mère de famille. Son enfance, il la passe à Mériel, dans une maison de la grand'rue, face à la gare. De la fenêtre de sa chambre, le garçon regarde filer les trains au fond du jardin. Quand il sera grand, il veut être conducteur de locomotive ou fermier, surtout pas chanteur comme son père : il déteste apprendre un texte par cœur et le réciter en public.
En 1922 pourtant, l'administrateur des Folies- Bergères l'engage comme figurant. Six ans plus tard, Mistinguett (1875-1956) lance sa carrière :
« Le temps des becs de gaz dans le lointain paraissait terminé pour moi, grâce à la Miss qui savait mettre ses partenaires en valeur. Du moins tant qu'ils ne lui faisaient pas de l'ombre. Et moi, je n'en étais pas encore là… »
Dès lors, Jean Gabin va traverser le siècle en enchaînant les films (95 entre 1930 et 1976). Ce monstre sacré du cinéma français décroche à deux reprises l'Ours d'argent du Festival international de Berlin, en 1959 pour
Archimède le clochard (Gilles Grangier, 1958) puis en 1971 pour
Le Chat (Pierre Granier-Deferre, 1970). Mais cette consécration ne lui fait pas oublier le patelin de son enfance, si l'on en croit son biographe André Brunelin :
« C'est là, sur ce coin de terre, qu'il s'est formé à la vie et qu'avec ses yeux d'enfant, il a vu, observé, écouté, senti les gens et les choses ; qu'il a bâti ses rêves d'avenir dont un au moins ne l'a jamais quitté et s'est accompli, celui d'avoir une ferme à lui, d'y élever des bêtes et de cultiver la terre. »
Éditions Robert Laffont, 1987
Président de la 1
re cérémonie des Césars en avril 1976, il fait sa dernière apparition à l'écran avec
L'Année sainte (Jean Girault), qui sort deux semaines plus tard, et meurt le 15 novembre. En 1987, un César d'honneur lui est décerné à titre posthume.
Le musée Jean-Gabin de Mériel, créé par la municipalité en 1992 en hommage à son enfant le plus célèbre, expose les grands moments de la carrière à travers de nombreux objets, photos ou affiches, déclinés par thème. Un parcours découverte entraîne les visiteurs sur les pas du comédien, de la gare au cimetière où sont inhumés ses parents ; de sa maison d'enfance à la croix de Montebello où sont écrits des mots qu'il a pris pour devise : « Nul ne sait le jour ni l'heure… » ; des bords de l'Oise au café de son ami cycliste, André Leducq.