Le Gentleman d'Epsom nous offre de très belles vues du champ de courses tout en décrivant l'univers particulier des tur¬fistes. Gilles Grangier a utilisé pour ce film quatre hippodromes de la région parisienne - Auteuil, Longchamp, Saint¬-Cloud et Enghien-Soisy - car ceux-ci étaient tous à proximité des studios de cinéma. Jockeys et chevaux viennent, eux, de Maisons-Laffitte.
« Notre film s'intitulait autrefois Le Pelousard déclarait le réalisateur lors du tournage, car nous allons présenter les courses vues de la pelouse, c'est à dire selon l'optique des petits turfistes, monde pittoresque, coloré, au milieu duquel évolue le Gentleman d'Epsom. Je n'ai pas l'intention de faire un documentaire, même pittoresque, sur les courses de chevaux, ni un film social sur les dangers du P.M.U. Je cherche surtout à raconter une histoire sur un ton de fantaisie, et à mettre en valeur le personnage joué par Gabin. »
L'acteur connaissait bien le milieu des chevaux puisque, étant enfant, il allait aider régulièrement les Haring, voisins qui possédaient une ferme. Son envie de posséder des terres et d'élever des chevaux lui vint à cette époque. En 1950, il achète deux étalons avec un ami. Paraissent alors dans la presse quelques allusions pour ce « prolo » devenant propriétaire de chevaux de courses. Dix ans plus tard, il achète une poulinière, Hortensia VII, puis d'autres, et un étalon, Quartier-Maître. Près de la Pichonnière, domaine qu'il acquiert en 1952, il fait édifier un champ de courses avec tribune et pari mutuel où des réunions sont organisées plusieurs fois par an. Aux grands hippodromes de la région parisienne ou de Deauville, il préférera toujours ceux peu connus de province.
« Chaque fois qu'il croyait aux chances d'un de ses chevaux, témoignait Bernard Odolant, le régisseur de la Pichonnière, Monsieur Gabin pensait à son père :
"Ah! si seulement il pouvait m'en gagner une belle, celui-là, pas pour moi mais pour mon père, disait-il." Et il ajoutait : "Le pauvre vieux a tellement perdu de pognon aux courtines que, de là où il est, ça ne pourrait que le réconforter de voir son fils leur en reprendre une partie!" »