En 1955, Julien Duvivier se rend au Val d'Herblay, face à l'Hostellerie du Passeur, pour immortaliser la tentative d'assassinat de Jean Gabin par Danièle Delorme, dans
Voici le Temps des Assassins.
Les vendredi 2 et samedi 3 décembre, les deux acteurs jouent un tête à tête final dans une frêle barque de pêche entre un restaurateur marié, d'une cinquantaine d'années, et sa jeune maîtresse, âgée de 25 ans. La brume et le froid, qui apportent une atmosphère particulière chère aux films de Duvivier, ainsi que le passage de nombreuses péniches ont rendu la tâche des cinéastes très délicate. Sans relâche, les machinistes ont changé le matériel de place. Le pauvre goujon vivant que Jean Gabin pêche a du être changé plusieurs fois tant les nombreuses plongées successives pour les besoins de la scène en eurent vite raison.
La caméra était encore fixée sur un ponton que déjà des techniciens arrosaient copieusement la chaussée pour la scène suivante au cours de laquelle Gabin et Delorme doivent descendre d'une Aronde bleue. Cent fois les machinistes ont du modifier les angles des projecteurs.
« Avancez encore Gabin ! crie un assistant avec un porte-voix. Il faut que la voiture vienne jusqu'à ce trait de craie. »
Obstinément, le véhicule s'arrête ou trop loin ou trop près. Alors, on a glissé un chevron sous les roues arrières. Jean Gabin a fini par perdre patience :
« Faites reculer les badauds, on n'y voit plus rien ! »
Si tout le monde a fini par partir, la venue du plus grand acteur français de l'époque est restée longtemps gravée dans les mémoires des Herblaysiens, peu habitués à de tels spectacles.