Pour
Gas-oil, Jean Gabin se rend à Montmorency, rue du Docteur Demirleau et à l'espace Château-Gaillard, sur la place des Cerisiers. Datant du XVIIIe siècle, cet ancien dépôt de charbon et de bois, devenu garage automobile et poste d'essence, est mobilisé pour les besoins du film, tiré du roman "Du raisiné dans le gas-oil" de Georges Bayle. Au cinéma, le garage débouche directement sur la place Roger-Levanneur. En fait, ce bâtiment donne sur une placette créée en 1834 à l'emplacement du carrefour de la Poterne.
Le film raconte une histoire mi-peinture de mœurs mi-aventure policière qui se déroule dans le milieu des routiers et se termine par un morceau de bravoure remarquable : la lutte entre la voiture rapide des gangsters et les lents et massifs mastodontes des routiers sympas. Jean enfile le «bleu» taché de cambouis. Il renoue alors avec le milieu populaire de sa jeunesse, qu'il n'a jamais renié, bien au contraire.
« La meilleure trouvaille de Grangier, c'est Jean Gabin, écrivait alors Hervé Bazin dans le Parisien. Le film est moulé sur lui, sa démarche, sa lenteur assurée, l'espèce de puissance réservée qui est aussi celle des poids lourds ... »
Le scénario est écrit par un jeune dialoguiste: Michel Audiard. Gabin adopte très vite ce parolier hors pair et le surnomme le Petit Cycliste parce qu'il avait ambitionné autrefois de faire carrière dans le vélo.
Gas-oil fait du trio Gabin-Grangier-Audiard une fine équipe qui aura un bel avenir. Dans les plus de quarante films interprétés par le comédien qui suivront, la moitié sera signée Grangier ou Audiard, voire les deux. Audiard sait mettre par écrit le Gabin, mélange de mots courants, d'argot, de trouvailles verbales.
Gas-oil nécessita de nombreuses prises en extérieur, tôt le matin, et Jean Gabin appréciait peu le travail matinal. « On ne joue pas la comédie à 9 heures du mat' », disait-il fréquemment.