« Cela fait quarante ans que le truand me charrie. Je l'ai digéré à toutes les sauces et à toutes les modes : en costard bien taillé et en blouson noir. Ça tue, ça viole, mais ça fait rêver le bourgeois et reluire les bonnes femmes. Elles trouvent peut-être ça romantique, mais moi pas ! Alors, j'ai pris une décision. Moi, les Peaux-Rouges, je vais plus les envoyer devant les jurés de la Seine, comme ça il n'y aura plus de non-lieu ni de remise de peine : je veux organiser la Saint Barthélémy du mitan ! »
Le Pacha, c'est une intrigue tracée au cordeau, le
Requiem pour un con d'une icône pop de la chanson française, et la gouaille imparable d'un « monstre sacré » du 7
e art décontenancé par une jeunesse qu'il trouve décadente : des beatniks se trémoussent dans la boîte de nuit
Les Hippies.
Le film, qui sort sur les écrans le 14 mars, semble annoncer la révolte étudiante à venir… Il fait un froid de loup (-15° !) dans la plaine de France en cet hiver 1967-68. Pour tourner le duel final entre Quinquin et le Pacha, le réalisateur a préféré la sucrerie désaffectée de Villeron à la vieille usine de plâtre d'Argenteuil retenue quelques années auparavant pour
Les Tontons flingueurs (1963).
« Le vent siffle de partout… Il y a des courants d'air pas croyables », racontait André Pousse. « Georges Lautner filme cette scène au ras du sol, on aperçoit mon visage et le haut du corps, tandis que Gabin, lui, est filmé à mi-cuisse. On ne voit que son froc et ses godasses. N'importe qui de sa corpulence peut le remplacer […] Et Lautner, qui sait que Jean a pris froid, ne le dérange pas pour ce plan-là, il le laisse dans sa caravane qui est dehors sous la neige, au milieu de la cour. On fait une prise, et tout à coup on entend : “Coupez !” Lautner est furieux, au cinéma, seul le metteur en scène peut dire ça ! “Qui a dit Coupez ?” Et Gabin en peignoir, clope au bec, sort de l'ombre… “C'est moi…” “Qu'est-ce qui se passe, Jean ?” “Il se passe que je suis dans ce plan-là et qu'on ne m'a pas appelé ! »