Après avoir tourné à Sarcelles pour
Rue des prairies, Jean Gabin revient en 1963 dans la ville pour le film d'Henri Verneuil
Mélodie en sous-sol. Sorti de prison après une longue peine, il descend en gare de Sarcelles et tente de retrouver son vieux pavillon. Mais depuis, le quartier de Sarcelles-Lochères est né et Jean Gabin / Charles voit toutes ces tours autour de lui ayant poussé comme des champignons. Il ne reconnaît plus la vieille commune qu'il avait laissée. La rue Théophile Gautier, dans laquelle il résidait, n'existe plus. Elle a été rebaptisée boulevard Henri Bergson.
« Dire que j'avais acheté ça pour les arbres et les jardins... Ils appelaient ça la zone verte... C'est devenu New York, la zone verte ! »
Le scénario d'origine prévoyait que Jean Gabin, après son retour à Sarcelles, aille chercher ses enfants à l'école. Plusieurs enfants de la commune ont d'ailleurs été embauchés pour l'occasion. Mais, malheureusement, ces scènes n'ont pas été conservées au montage final.
Mélodie en sous-sol est le cinquième et dernier film que Gabin tourne avec Henri Verneuil. Leur amitié était placée sous le signe du cinq. Ils se sont rencontrés en 1955, ont tourné cinq films, cinq succès, et ont bien « trouvé cinq raisons de se fâcher et de se réconcilier en quinze ans de collaboration ».
L'idée initiale de
Mélodie en sous-sol revient à Michel Audiard, inspiré par un roman américain, publié dans la Série noire, qui portait le même titre : "Mélodie en sous-sol". Audiard partage son idée d'adaptation avec le producteur Jacques Bar. Si la production était en partie franco-italienne, c'est la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) qui en a assumé l'essentiel. Par rapport au scénario tiré du livre, Michel Audiard n'a modifié, apporté, ou retouché que vingt-cinq répliques. Ces rares répliques suscitent la surprise de la production qui pense avoir payé bien cher pour si peu. C'est en découvrant l'intégralité du scénario modifié par ces vingt-cinq mots d'auteur, constatant que les interventions d'Audiard sont savoureuses, qu'elle revient sur son impression, et se félicite du bon investissement réalisé dans ce travail.
Initialement, le rôle principal de « Monsieur Charles » est bel et bien prévu pour Gabin, mais le second rôle, celui de « Francis Verlot », devait être pour Jean-Louis Trintignant. Alain Delon entend parler de la préparation du film et intervient auprès de Jacques Bar pour obtenir le rôle, en lui disant : « Je veux faire ce film ». Delon, qui jouissait déjà d'une certaine réputation pour les films réalisés en Italie avec Visconti, rêvait de faire un film avec les vedettes du moment, les stars de l'affiche. Delon demande un cachet, ce à quoi les Américains s'opposent en disant : « S'il veut faire le film, qu'il le fasse gratuitement. » À quoi Alain Delon répondra : « Chiche ? », demandant, en échange, deux ou trois territoires de distribution (qui comprenaient le Japon, la Chine et l'URSS). Une fois le film terminé, Alain Delon le fera sous-titrer en japonais, ira au Japon et trouvera une distribution. Le film remportera un succès, et Delon gagnera beaucoup d'argent avec ses droits de production. Gabin n'en reviendra pas et clamera que Delon a alors gagné dix fois plus que lui.