De nombreux cinéastes ont tourné dans le Val d'Oise, trouvant une grande variété de paysages à proximité de Paris, évitant ainsi les frais de déplacement et d'hébergement de toute une équipe. Nos cités au charme provincial (Pontoise, Beaumont ou Montmorency), nos villes nouvelles (Sarcelles ou Cergy) et nos villages agrestes (Vexin ou Pays de France), servent régulièrement de cadre à des fictions cinématographiques. Décors privilégiés, les châteaux du Val d'Oise ont accueilli près d'une centaine de tournages, grâce à leurs styles variés et une situation géographique qui permet de s'isoler aisément du monde extérieur.
A tout seigneur, tout honneur, la palme d'or du meilleur décor revient incontestablement au château de Vigny, présent dans plusieurs dizaines de films, comme Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine (Coluche, 1977) - avec Coluche dans le rôle de Gros Pif 1er, malgré l'anachronisme entre une histoire censée se situer à l'époque mérovingienne et un château datant du XVIe siècle ! -, Le Capitaine Fracasse (Abel Gance, 1942), Le Mur de l'Atlantique (Marcel Camus, 1970), Les Visiteurs (Jean-Marie Poiré, 1992), La Fille de d'Artagnan (Bertrand Tavernier, 1994)…
Bernard Blier, Lino Ventura, Francis Blanche et Mireille Darc arpentent son parc dans la comédie d'espionnage Les Barbouzes (Georges Lautner, 1965) et, plus tard, Jean Lefebvre, Pierre Mondy et Henri Guibet permettent à toute la Septième compagnie de s'évader du château, siège de la Kommandantur, à l'aide de matelas, via des souterrains dissimulés derrière d'immenses tapisseries (On a retrouvé la 7ème compagnie, Robert Lamoureux, 1975).
Michel Deville – un habitué des tournages dans le Vexin – donne au magnifique édifice une couleur et une atmosphère incomparables dans Raphaël ou le débauché (1971), faisant ressembler les images de son film à des tableaux d'Ingres et de Delacroix.
Enfin, en janvier 2002, Isabelle Adjani et Jean Yanne investissent le lieu, sous haute surveillance, pour une réalisation de Benoît Jacquot, Adolphe, d'après le livre de Benjamin Constant.
Autre star du septième art, le château de Villette, à Condécourt. Il devient le domaine de Moulinsart, célèbre propriété du capitaine Haddock, dans une adaptation cinématographique des albums de Tintin : Tintin et le mystère de la Toison d'or (Jean-Jacques Vierne, 1961). En cinquante ans de bons et loyaux services pour le cinéma, il a servi maintes fois de cadre à des idylles amoureuses, comme entre Audrey Hepburn et Albert Finney dans Voyage à deux (Stanley Donen, 1967), ou entre Sean Young et Marc Tissot dans La Propriétaire (Ismaël Merchant, 1996). La fontaine Marly trônant majestueusement au milieu du parc, commandée à distance, incita d'ailleurs Ismaël Merchant à changer la fin de son film : Sean Young et Marc Tissot peuvent s'embrasser longuement tandis que l'eau de la fontaine jaillit soudain, inondant les soupirants.
En 2005, Tom Hanks et Audrey Tautou se rendent à Villette, chez Sir Leigh Teabing (Ian McKellen), pour tenter de percer le mystère du Da Vinci code (Ron Howard, 2006). Deux semaines et demi de tournage et un rôle en or pour ce château, aujourd'hui connu et reconnu dans le monde entier.
En 1966, Villarceaux accueille simultanément deux productions anglo-saxonnes, même si leur sortie sur les écrans fut décalée : La Nuit des généraux (Anatole Litvak, 1967) et Triple cross (Terence Young, 1966), événement rarissime dans le cadre de tournages en décor naturel. Claude Brasseur et Jean-Claude Brialy choisissent les bords de l'eau de ce domaine pour y piéger les assassins présumés de La Crime (Philippe Labro, 1983), tandis que Danis Tadovic transforme le château d'En Haut en maison de santé pour une Carole Bouquet méconnaissable (L'Enfer, 2005).
De Guiry-en-Vexin, où Jean Rochefort – Le Moustachu (Dominique Chaussois, 1987) - se fait expulser à coups de fusil ; à Saint-Cyr-en-Arthies - devenu lieu de résidence de Bruno Crémer dans Josepha (Christopher Frank, 1981) – en passant par Saint-Martin-du-Tertre – lieu d'accueil de Lucie Aubrac dans le film éponyme de Claude Berri (1997) ; ou Ecouen avec notamment Le Masque de fer (Henri Decoin, 1962) ; plus d'une vingtaine de châteaux du Val d'Oise ont été le théâtre d'une multitude d'aventures cinématographiques.
L'autre star du Val d'Oise est incontestablement le château de Champlâtreux, à l'est du département, qui accompagne régulièrement les reconstitutions historiques. Citons Le Retour de Casanova (Edouard Niermans, 1992), Le Roi des Aulnes (Volker Schlöndorff, 1996), Le Temps retrouvé (Raoul Ruiz, 1999), Vatel (Roland Joffé, 2000), ou, il y a peu, Les Fragments d'Antonin (Gabriel le Bomin, 2007) et Jean de la Fontaine, le défi (Daniel Vigne, 2007).
Mais, c'est encore à Vigny que s'est déroulée une anecdote peu banale. En décembre 1959, toute une équipe réalise des scènes du film La Fleur au fusil, avant de s'éclipser du jour au lendemain, sans donner d'adresse. Oubliées les factures inhérentes à la location du château, du bois pour le chauffage, ainsi que les innombrables dettes chez les commerçants de la commune. Le film sortit néanmoins quelques mois plus tard, sous le titre ô combien ironique de : Sans tambour ni trompette.