Au même titre que tout autre site patrimonial, la mairie est régulièrement utilisée comme décor de cinéma. Elle y joue son propre rôle, notamment dans des scènes de mariages – de loin les plus fréquentes –, à moins qu'elle ne soit transformée pour devenir une gendarmerie, un collège ou un bureau de poste. C'est alors l'architecture du lieu qui prévaut et qui explique le choix de la production.
Cette distinction se retrouve à l'échelle du Val d'Oise où près d'une vingtaine de films et de téléfilms ont été tournés dans certaines mairies du département.
Leur utilisation comme simple magasin de décors se retrouve par exemple dans La Verte moisson (François Villiers, 1959), où la façade de l'hôtel de ville de Pontoise est censée être celle d'un collège. Les scènes intérieures ont été, elles, tournées dans un vrai établissement scolaire, en l'occurrence le collège Jean-Claude Chabanne.
Un an plus tard, Jean Delannoy investit la mairie de Saint-Prix (aujourd'hui devenue un local des services techniques) pour la transformer en bureau de poste. C'est là que Jean Gabin – alias le baron Jérôme Napoléon Antoine – vient retirer la somme d'argent qu'il attend afin de poursuivre ses pérégrinations fluviales sur la Marne (Le Baron de l'écluse, 1960).
Le choix de la mairie de Marines est plus singulier encore. En effet, c'est en tant que gendarmerie qu'elle fut choisie en 1978 pour y filmer une scène d'escapade rocambolesque escapade dans La Carapate (Gérard Oury). Au-delà du choix de l'édifice, il semble que ce soit surtout la place du village qui ait inspiré le cinéaste. Enfin, dans Rien ne va plus (2002), Michel Sibra convertit en casino l'intérieur de l'hôtel de ville de Montmorency.
Dans un rôle plus officiel, on retrouve des mairies travesties en Kommandanturs. Ainsi, lorsque Michel Vocoret tourna avec les Charlots Le Retour des bidasses en folie (1982), il suspendit des drapeaux et tentures nazies sur la façade de la mairie de Belloy-en-France. Ce simple maquillage scandalisa les anciens combattants de la commune qui, choqués par la réapparition des emblèmes de l'ancien occupant à la place du drapeau tricolore, bloquèrent le tournage pendant plusieurs jours.
L'histoire ne dit pas si Jean-Marie Poiré rencontra les mêmes mésaventures lors de la réalisation de Papy fait de la résistance (1983). La mairie de Marines, une nouvelle fois mise à contribution, fut elle aussi transformée en Kommandantur mais ici, les habitants ne semblent pas s'être offusqués d'y voir pavoiser des croix gammées.
Quand la mairie interprète son propre rôle, elle fait souvent de la simple figuration, apparaissant au même titre que les autres éléments d'un même décor. Dans Olivier-Olivier (Agnieska Holland, 1992), la réalisatrice polonaise a retenu la mairie de Marines – la star locale – pour pouvoir filmer quelques éléments de son intrigue dans le cadre paisible de la place du village. Le propos est identique pour Magny-en-Vexin dans Les Âmes grises (Yves Angelo, 2005).
Néanmoins, les exemples ne manquent pas d'une utilisation plus officielle de ces édifices par le septième art. Ils retrouvent alors leur fonction première de centre du pouvoir politique local, comme dans Prêtres interdits (Denys de La Patellière, 1974) où Pierre Mondy – maire d'un village de Bourgogne, à Grisy-les-Plâtres ! – organise des élections municipales dans une atmosphère tendue. La représentation peut être historique, voire patrimoniale, comme dans La Vie passionnée de Vincent van Gogh (1956), où Vincente Minnelli s'attache à reproduire le plus fidèlement possible la fête nationale du 14 juillet 1890 telle que le peintre l'a contée dans ses lettres, au point de faire ressembler au plus près la mairie d'Auvers au tableau du peintre hollandais.
Lorsque le maire officie à l'écran, son image est bien souvent écornée. Celui de Sarcelles est un homme corrompu dans Il n'y a pas de fumée sans feu (André Cayatte, 1973). L'architecture du nouvel hôtel de ville associé aux grands ensembles coïncide avec un pouvoir autoritaire exercé par des politiciens véreux.
Enfin, la mairie peut aussi être un décor de fête joyeuse, surtout lorsqu'elle accueille les cérémonies de mariages avec robes blanches, confettis et flonflons. Daniel Ceccaldi (Jamais avant le mariage, 1982), Claude Lelouch (Une pour toutes, 2000) ou Pascale Breugnot (Fête de famille, 2006) ont ainsi mis à l'honneur les salles de conseils ou de mariages de Montmorency, Valmondois et Ennery.