En 1962, Michel Magne (1930-1984) achète le château d'Hérouville-en-Vexin :
« En fait de château, c'était plutôt les deux ailes d'un château ; la partie centrale n'existait plus. Mais ce qui en restait était fort beau et je décidai de réparer les ruines petit à petit, au fur et à mesure de mes disponibilités. »
Michel Magne, L'Amour de vivre, Paris, Éditions Alain Lefeuvre, 1980
Il y aménage un studio d'enregistrement fréquenté par les plus grandes vedettes du rock et de la pop, des Pink Floyd à Elton John en passant par David Bowie, Véronique Sanson, Johnny Hallyday ou Jacques Higelin. Régulièrement, il improvise des concerts dans l'église et tous les week-ends, organise des fêtes grandioses dont ses voisins gardent un souvenir mémorable.
Dans ses compositions psychédéliques, Magne expérimente des champs musicaux nouveaux (musique inspirée par les réactions du corps au son, invention de la musique infrasonore que l'on ressent à défaut de l'entendre, étude des ondes sonores et des courants magnétiques). Entre 1955 et 1975, il signe la musique originale de 75 films. Certains relèvent d'un cinéma d'auteur, comme
Compartiment tueurs (Costa-Gavras, 1965) ou
Belle de jour (Luis Buñuel, 1967), d'autres servent un cinéma populaire, comme la série des
Angélique (Bernard Borderie, 1965-1968).
Mais en 1974, le studio dont il a délégué la gestion est mis en liquidation judiciaire. Lourdement endetté, le musicien quitte Hérouville et se replie dans son appartement de la rue Mouffetard, à Paris. Il essaie de rebondir en publiant cinq albums et une autobiographie qu'il intitule
L'Amour de vivre. Mais sa carrière marque le pas : en dix ans, il ne collabore qu'à neuf films dont le plus notable est
Les Misérables (Robert Hossein, 1982).
Michel Magne se donne la mort en avalant des barbituriques au Novotel de Cergy, dans la soirée du 18 décembre 1984. Près de lui, trois lettres pour sa femme, son avocat et la police, ainsi qu'un livre ouvert au pied du lit,
Suicide mode d'emploi.