Alain Delon nous a quittés ce dimanche 18 août à l'âge de 88 ans, à son domicile de Douchy (Loiret). C'est le dernier des géants qui est parti rejoindre les Gabin, Lino et Belmondo. Ces stars qui remplissaient les salles de cinéma sur leur simple nom, quel que soit le titre du film.
Parmi les 90 films qu'il a tournés, plus d'une quinzaine ont été réalisés en partie dans le Val d'Oise, dont certains des plus emblématiques. En 1963, il se rend à Sarcelles pour une visite éclair sur le tournage de
Mélodie en sous-sol (Henri Verneuil) afin d'y tourner une courte scène avec Gabin, dans la maison de ce dernier, nichée au coeur des nouveaux grands ensembles. Premier contact entre les deux hommes pour préparer le futur casse du Palm beach.
Trois ans plus tard, il se rend à l'aérodrome de Moisselles, au côté de Lino Ventura, pour les besoins des
Aventuriers (Robert Enrico). Lui est pilote, son ami est mécano, et ils rêvent tous les deux de passer en avion sous l'Arc de Triomphe. En 1967, Delon est au centre d'une machination diabolique dans le film de Julien Duvivier,
Diaboliquement vôtre. Ce polar est quasiment entièrement tourné au château de Théméricourt et ses abords, et il est aujourd'hui une source précieuse pour savoir comment était ce château avant d'être laissé à l'abandon par Duvalier, l'ancien dictateur d'Haïti. Il sera repris et restauré ensuite par le Département du Val d'Oise pour en faire le siège du Parc naturel du Vexin Français.
Au début de l'année 1971, le comédien se rend à l'abbaye de Royaumont, censée être en Bretagne pour y tourner l'une de ses rares comédies dans laquelle il porte exceptionnellement la soutane :
Doucement les basses. Entré dans les ordres lorsque sa femme est décédée, il apprend que celle-ci est bien vivante et désire qu'il la rejoigne. Deux ans plus tard, il interprète un prisonnier condamné à mort, emprisonné à Pontoise, dans
Deux hommes dans la ville, mais aucun plan n'est tourné sur les bords de l'Oise. L'arrivée de Jean Gabin en gare de Pontoise, en guise de générique du film, est finalement réalisée en gare de Meaux !
Dans
Trois hommes à abattre (Jacques Deray, 1981), Delon doit réaliser une cascade dangereuse et difficile : sortir de son véhicule qui prend feu et explose suite à des tirs qui le visent dans une station-service. Cette scène qui a mobilisé de nombreux pompiers est filmée dans une ancienne station située sur la N14, entre Pierrelaye et Saint-Ouen-l'Aumône. La même année, il se retrouve à la ferme de la Laire, à Bréançon, choisie comme lieu de planque pour
Le Choc (Robin Davis, 1981), avec Catherine Deneuve. Le couple partage l'affiche dans des conditions difficiles, Delon et Deneuve ne se parlent pas et mangent séparément lors des pauses repas, rendant l'ambiance du tournage électrique.
Dans sa quinzaine de films tournés dans le Val d'Oise, nous retiendrons enfin
Une chance sur deux (Patrice Leconte, 1998) qui réunit pour la première fois sur le même plateau, depuis
Borsalino, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo. Les retrouvailles fictives des deux héros se déroulent dans la discothèque de Grisy-les-Plâtres. C'est là que Vanessa Paradis leur annonce que l'un des deux est son père... Ce sera sa dernière apparition sur grand-écran, l'acteur ayant décidé ensuite d'arrêter le cinéma. Une carrière achevée fin 1997 dans le Val d'Oise, 40 ans presque jour pour jour après ses débuts dans
Quand la femme s'en mêle (Yves Allégret), en 1957.