En 1969, c'est rue Thiers que Michel Constantin (André) emmène Bernadette Lafont (Marie) pour faire ses courses en ville, dans La Fiancée du Pirate. Ils s'arrêtent devant l'ancien Grand Bazar, aujourd'hui remplacé par une salle de jeux électroniques. L'action de ce film de Nelly Caplan se passe dans un village du sud de la France et Bernadette Lafont interprète une jeune femme qui vend ses charmes aux notables tout en enregistrant leurs confessions les plus intimes qui seront diffusées un matin, lors d'une grande messe.
Domicilié à Hérouville, où le plateau principal est installé, le compositeur Michel Magne offre l'hospitalité à la réalisatrice, Bernadette Lafont et Michel Constantin. Tourné avec des bouts de ficelle, emporté par la musique de Georges Moustaki –
Moi, je m'balance, chanté par Barbara, et
La Marche de Marie –, le film est un brûlot féministe.
« Nous avons pu tourner au printemps dernier dans un village à côté de Pontoise, expliquait Nelly Kaplan. C'est la preuve que le Moyen Âge existe à 50 kilomètres de Paris. Mais un Moyen Âge avec, tout près, la route nationale, la ville et, avec la radio, la télévision, les voyageurs de commerce… Ainsi subsistent des structures primitives malgré la proximité de ce qu'on appelle la civilisation moderne. La Fiancée du Pirate, c'est l'histoire d'une sorcière des temps modernes qui brûle les inquisiteurs. Le plaisir d'amour renverse le mythe de Don Juan. C'est lui qui se fait rouler »
La censure a interdit d'ailleurs le film aux moins de 18 ans pour cause de « sujet libertin ».