Avril 2006. Depuis plus d'une semaine, les Pontoisiens voient passer sous leurs fenêtres d'impressionnants camions noirs et toute une population qui gravite autour. Les habitants du quartier de la Harengerie ont tout de suite compris que leur place est une nouvelle fois investie par une production cinématographique. Les décorateurs ont transformé le lieu pour qu'il ressemble le plus fidèlement possible au Paris du début de siècle. Pas trop d'efforts à faire tant le site conserve un cachet "titi" montmartrois remarquable.
Les scènes réalisées à Pontoise relatent certains moments de l'enfance d'Édith Piaf, en l'occurrence les jeux dans les rues de Belleville où les premiers chants sur le trottoir pour gagner quelques sous. L'une des prises voit Clothilde Courau — alias la mère de la Môme — chanter devant de nombreux passants. Le tournage dans la vieille ville s'est fait sous un soleil resplendissant. Plus de 80 figurants ont été embauchés pour l'occasion. L'un d'eux raconte :
« Des marchands de patates aux marchands de bestiaux, c'est une faune colorée qui vit là, raconte le blogueur Hugo Mayer, et au milieu de la foule, qui traîne, nous entraîne... une petite fille de 4 ans livrée à elle même, pendant que sa mère chante pour essayer de gagner sa croûte. Entre deux échoppes une femme désespérée tente de nourrir sa môme, vivant dans la misère… »
Edith Piaf, devenue adulte, c'est Marion Cotillard. Elle est saisissante dans ce rôle à contre-emploi, tant dans sa voix que dans le jeu de son corps. Elle habite littéralement la chanteuse et apporte une grande crédibilité à son interprétation.
Les séances de maquillage de Marion Cotillard duraient plusieurs heures, notamment lorsqu'il fallait incarner la chanteuse en fin de vie. La jeune actrice s'est mise au tricot pour occuper ses longues heures d'attente, lors des séances de maquillages mais aussi entre les prises, sur le plateau. Une activité surprenante pour une comédienne, mais qui était la principale occupation d'Édith Piaf...
Olivier Dahan s'est lancé dans cette aventure car il avait, depuis longtemps, envie de faire un film sur un artiste. Un jour, alors qu'il se trouvait dans une librairie à feuilleter un livre sur Édith Piaf, l'idée de faire un film sur elle lui est apparue subitement.
« Le véritable élément déclencheur a été une photo d'Édith Piaf jeune, dans la rue, avec Momône, son amie, raconte-il. Peu de gens l'ont vue à cet âge-là. On garde surtout d'elle, ce qu'elle a été à partir des années 50-60, la frêle icône à la robe noire. Sur cette photo, j'ai perçu quelqu'un de très différent, qui ne s'appelait pas encore Édith Piaf et qui m'a intrigué. J'ai imaginé un pont entre l'image que tout le monde a plus ou moins d'elle et cette photo où elle apparaît de manière bien plus brute. »