En 2005, Malik Chibane réalise à Sarcelles
Voisins voisines, où, loin du misérabilisme et de la représentation gratuite de la violence, il conteste le prétendu échec de l'intégration, devenu, depuis quelques années, un truisme du discours médiatique et politique.
Les habitants de la résidence Mozart, coincée entre le village et les grands ensembles, fêtent avec un an d'avance la fin de leur crédit immobilier. Véritable hymne à la mixité sociale, le film nous fait croiser dans l'escalier un conseiller municipal, une juive tunisienne et un zappeur en mal d'inspiration. Jackie Berroyer et Anémone, excellents, amènent leur fraîcheur et leur militantisme à cette oeuvre attachante.
Voisins-voisines clôt, selon le réalisateur, sa "trilogie urbaine", après
Hexagone et
Douce France. Un titre qui annonce l'idée d'une saga, d'un lien unissant ces trois films, mais aussi la fin d'un cycle. En effet, si le réalisateur se sent toujours aussi concerné par cette banlieue que l'on continue de mettre à la marge — « C'est comme un enfant que l'on n'assume pas —, il prend un peu de recul sur son espace d'observation et préfère s'intéresser au passé de ses personnages et à sa propre histoire.
« Avec ce travail, j'ai l'impression d'avoir bouclé la boucle, conclut Malik. Ma propre histoire est là, dans cette chronique. Je suis revenu sur les chemins de l'enfance à la recherche de mes racines. »