« Aujourd'hui, dans Paris, le patrimoine architectural de cette époque a disparu et tenter de remettre les rues en état devient très compliqué, explique Pitof. Nous voilà donc en quête de villes dont les éléments rappellent encore ce Paris de 1830. À Pontoise, nous avons trouvé la place de la Harengerie qui pourrait ressembler à Montmartre. »
En mai 2000, quatre peintres, quatre menuisiers et un assistant décorateur métamorphosent celle-ci en quartier parisien du Temple, sous la Restauration. Pendant dix jours, ils installent des faux pavés, des faux murs, un faux soupirail, une fausse porte cochère, une nouvelle palissade en bois le long du jardin de l'ancien presbytère. Une fois le décor planté, les acteurs et les techniciens entrent en scène.
Trois nuits durant, Gérard Depardieu, Guillaume Canet, Inès Sastre et André Dussollier vont battre le pavé pontoisien. Le site enveloppé de brume artificielle devient « un monde libre à la limite du fantastique où l'imaginaire ne demande qu'à errer ». Souhaitant donner à son image la fluidité des jeux vidéo, Pitof s'est rapproché de Sony afin d'utiliser le prototype d'une caméra numérique. Le cinéaste en a testé plusieurs avant de choisir un modèle haute définition qui lui permet d'obtenir une texture proche des toiles de Gustave Moreau. Vidocq est ainsi le premier film français entièrement tourné en numérique.
« Avec une caméra normale, il faut trois personnes pour la déplacer et un plan complexe nécessite une très grande précision, des répétitions, etc. On perd une certaine fraîcheur, une spontanéité. Moi, je voulais surtout être en mode capture. »