Un jeune médecin, le docteur Henri Ferret (Victor Lanoux), vient de s'installer en région parisienne. Nombre de ses patients consultent après avoir été victimes de morsures. Il apprend que, pour se protéger des agressions nocturnes, les habitants ont acheté des chiens de garde ...
Anecdotes de tournage
Les Chiens sort sur les écrans en 1979, dans un contexte où plusieurs faits divers autour de l'autodéfense ont alimenté la chronique, un journaliste de "La Croix" dénonçant au sujet du film un manichéisme à la mode.
Le film d'Alain Jessua pose les problèmes du racisme anti-immigrés, mais aussi anti-jeunes, et la tentation du fascisme. Il créé ici une fable moderne et fait jouer jusqu'au bout ce phénomène de l'autodéfense, observé au départ dans le quotidien le plus banal, pour le faire fonctionner jusqu'à l'abstraction, voire le fantastique. La ville de Marne-la-Vallée est d'ailleurs représentée, au début du film, comme un mirage : une série de plans fixes montre quelques blocs blancs dans un arrière-plan un peu flou, derrière un lac et un rideau d'arbres, depuis une large route. La musique — des percussions au rythme discontinu — renforce un sentiment d'étrangeté. Le générique est monté de telle manière qu'il présente une vision fragmentée de l'espace.
Si Les Chiens paraît aujourd'hui un peu daté et excessif, il est néanmoins caractéristique du cinéma de la fin des années 1970. Dans la lignée de nombreux cinéastes, Alain Jessua y dénonce les travers de la banlieue et des villes nouvelles.
Le réalisateur aurait pu faire sienne cette citation de Fabrice Luchini, issue d'un autre film tourné à Marne-la-Vallée, Les Nuits de la pleine lune : « Les villes nouvelles, j'y crois pas. »
En effet, le réalisateur nous montre une ville sans animation, déserte la nuit, dans laquelle les habitants s'ennuient. Surtout, celle-ci n'a pas de centre, comme l'indiquent les déplacements incessants de Victor Lanoux, reliant des lieux divers, donnant une vision d'un urbanisme anarchique. Les routes sont larges mais vides, mettant en valeur une promiscuité et un isolement sur soi.
Ce polar psychologique vaut par l'interprétation des acteurs — Gérard Depardieu en tête — qui, dans la lignée des rôles de voyous qu'il a interprétés dans Les Valseuses ou Loulou, joue ici un propriétaire de chenil trouble et ambigu. Il dresse tout autant les chiens que leurs maîtres à devenir racistes et méchants.
Toutes les scènes se déroulant au chenil ont été réalisées pendant une semaine, à Jouy-le-Moutier, sur le plateau de l'Hautil, entre le lundi 4 et le vendredi 8 septembre 1978. Les rares témoins purent apercevoir à cette occasion, Depardieu, bien sûr, mais aussi Nicole Calfan et Victor Lanoux. L'équipe opta pour ce lieu appartenant à M. Lenoble car le scénario impliquait de trouver un site suffisamment isolé, à l'écart de toute urbanisation. Et M. Lenoble fut également embauché par la production pour encadrer Gérard Depardieu et lui prodiguer quelques conseils pour être crédible comme dresseur.