P.R.O.F.S. s'attache à décrire les destins et désillusions de quatre enseignants d'un lycée d'Île-de-France. À aucun moment, le nom du lieu n'est donné. Le titre du film en forme d'acronyme est une référence à M*A*S*H de Robert Altman, qui traite d'un sujet similaire dans un cadre différent, en l'occurrence un groupe de chirurgiens de l'armée américaine durant la Guerre de Corée.
L'enseignement est vu du côté des pédagogues à travers l'histoire de Frédéric (Patrick Bruel), jeune professeur de lettres révolté et subversif qui agit comme un révélateur sur Michel (Fabrice Luchini), Gérard (Laurent Gamelon) et Francis (Christophe Bourseiller)... Le coscénariste du film est d'ailleurs un authentique enseignant, Didier Dolna.
Lors du dernier jour de tournage, pour filmer la célèbre scène où les quatre collègues refont le monde en imaginant l'école de demain, la production a demandé à la ville de Pontoise de mettre à sa disposition la place des Moineaux et d'actionner la fontaine. Filmée en nuit américaine, cette séquence mérite d'être reproduite ici dans son intégralité :
Frédéric : Il faudrait éliminer tous les cons. Ce qu'il en reste.
Gérard : Évidement. Ce serait l'idéal.
Michel : L'idéal ce serait cœfficient 8 au bac en dessin.
Gérard : Ouais ! Et 10 en gym !
Francis : Non l'école idéale, ça serait une école entièrement automatisée. Il y aurait qu'à appuyer sur des boutons sans jamais se déplacer.
Michel : Très belle. Avec des sculptures, des tableaux, des jardins, des fontaines ... transparentes.
Gérard : Et des supers gymnases ! Euh ... avec des, tout en tapis amortisseurs ! Avec des pelouses pour les terrains de foot ! Avec des douches ! Et des ... et des piscines avec des plongeoirs olympiques ! Et des masseuses pour te mettre en forme ! Et des ...
Francis : Et des bons sièges. Parce que c'est important d'être bien assis quand on est longtemps assis.
Michel : Et des hôtesses qui nous serviraient d'assistantes avec des voix de sirènes pour nous annoncer la fin des cours.
Francis : Il faudrait commencer moins tôt. Il faudrait plus d'horaires du tout.
Michel : Plus d'emmerdeurs ! Plus d'types qui font les flics !
Gérard : Faudrait plus d'élève !
Frédéric : Faudrait plus être prof.
Gérard : Là tu pousses.
Frédéric : Ba non c'est logique : plus d'élève, plus d'profs.
Michel : Ba alors plus d'école.
Frédéric : Bien sûr, c'est ça. L'école idéale c'est qu'il y ait plus d'école.
Francis : Alors ça c'est pas demain.
Frédéric : Mais si c'est demain.
Gérard : Oh non c'est pas possible.
Frédéric : Mais si c'est très possible. Avec les ordinateurs, les banques de données, les cours enregistrés par les profs les plus compétents sur des cassettes, mieux, sur des disquettes. Le gosse aura même plus besoin de sortir de chez lui.
Michel : Oui mais si il comprend pas ?
Frédéric : Toutes les questions possibles et imaginables auront leurs réponses sur des disquettes. Comme toutes les phases possibles d'un jeu vidéo.
Francis : Mais euh ... comment vérifiera-t-on le niveau ?
Frédéric : Avec des analyseurs de réponses. Les Japonais ils ont déjà ça.
Gérard : J'sais pas si ce sera un bien.
Frédéric : Mais tu t'rends compte… plus d'école ... plus d'école ! La fin du calvaire pour des milliards de gens.
Michel : Oh alors tu vois, y'a des perspectives. Là, ça devient grandiose !
Gérard : J'arrive pas à y croire.
Michel : De toute façon, pour nous c'est trop tard.
Francis : Ouais, faut pas rêver.
Frédéric : Mais si faut rêver ! Il faut !