Elle cause plus elle flingue 1972

Au printemps 1972, Michel Audiard pose sa caméra dans le cloître de l'abbaye de Royaumont, choisi pour représenter le Vatican où Galabru, en pape candide, est le pigeon idéal d'une arnaque aux fausses reliques. La même année, Ado Kyrou monopolise la quasi intégralité du domaine pour y filmer Le Moine,sur un scénario de Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière adapté d'un chef-d'œuvre de la littérature gothique publié à la fin du XVIII^e siècle par Matthew Gregory Lewis : Ambrosio (Franco Nero)succombe à la tentation en cédant aux avances d'une femme travestie en moine (Nathalie Delon).Grâce à son environnement privilégié d'étangs et de forêts et à ses remarquables décors intérieurs et extérieurs, l'abbaye de Royaumont a très tôt intéressé les cinéastes. Les jardins, le cloître et le réfectoire des moines, la tourelle ruinée de l'église,… ont servi d'écrin à plus d'une cinquantaine de films et téléfilms qui sont, pour la plupart, des reconstitutions historiques ou des intrigues religieuses. Dans Mam'zelle Nitouche (Marc Allégret, 1931), Les Perles de la couronne (Sacha Guitry, 1937) ou Le Dialogue des Carmélites (Philippe Agostini, 1959), Royaumont est un couvent de religieuses. D'Artagnan (Claude Barma, 1968) et Les Chouans ! (Philippe de Broca, 1987) croisent le fer sous les murs du monastère. Édouard Molinaro y a tourné trois longs-métrages de genres différents : un polar contemporain, Peau d'espion (1967), avec Charles Beaulieu, Senta Berger et Bernard Blier ; un film historique, Mon oncle Benjamin (1969), où Jacques Brel en médecin de campagne dans la France de l'Ancien régime s'attaque aux nobliaux, frôle les galères et chavire les cœurs ; et une comédie culte, Hibernatus (1969), dans laquelle Louis de Funès et l'ascendant décongelé de son épouse, alias Hibernatus, se réfugient en ambulance à l'abbaye de… Fromantines ! Plus récemment, les vedettes de Stars 80 la suite ont transformé le réfectoire des convers en scène dédiée au gospel (Thomas Langmann, 2015).