Jean-Pierre Melville a consacré trois films à la vie des Français sous l'Occupation.
Le Silence de la mer (1949), adapté du roman paru dans la clandestinité de Vercors;
Leon Morin, prêtre (1961), qui marque la première collaboration entre le cinéaste et Jean-Paul Belmondo; et
L'Armée des ombres. Melville déclarait alors:
« Je l'ai porté en moi 25 ans et 14 mois exactement. Il fallait que je le fasse et que je le fasse maintenant, complètement dépassionné, sans le moindre relent de cocorico. C'est un morceau de ma mémoire, de ma chair. »
Par ailleurs, les thèmes que l'on découvre dans
L'Armée des ombres : la fidélité à la parole donnée, la trahison des amis, les codes qui régissent les individus vivant en communauté, se retrouvent dans les autres films du cinéaste, en particulier dans la plupart de ses films noirs.
La scène tournée au fort de Cormeilles est l'une des plus importantes du film : la tentative d'évasion de Lino Ventura.
Le film de Jean-Pierre Melville fait référence à ses propres souvenirs de résistant et à l'action de Lucie Aubrac (dont la vie fera l'objet d'un film signé Claude Berri, en 1997).
L'Armée des ombres se démarque aussi de l'image traditionnelle d'une résistance héroïque soutenue par une majorité de Français.
« Dans ce film, j'ai montré pour la première fois des choses que j'ai vues, que j'ai vécues, racontait Melville. Toutefois, ma vérité est, bien entendu, subjective et ne correspond certainement pas à la vérité réelle. D'un récit sublime, merveilleux documentaire sur la Résistance, j'ai fait une rêverie rétrospective; un pèlerinage nostalgique à une époque qui a marqué profondément ma génération. »