Au milieu du mois de décembre 1955, place du petit Martroy, au moment précis où il va remonter dans une luxueuse voiture, un jeune homme est accosté par deux inconnus qui le serrent de très près. Puis, rapidement sous la menace des revolvers que l'on soupçonne dans les poches des pardessus, ils l'entraînent vers le porche du jardin public où ils s'engouffrent. Par la grande allée du jardin, les trois hommes se dirigent vers le kiosque. Quelqu'un les attend, le dialogue s'engage.
Dans
Toute la ville accuse, Jean Marais, interprète le rôle d'un jeune écrivain (François Nérac) qui se trouve mystérieusement à la tête d'une grande fortune sans renouvelée, comme par magie, sous la forme de sacs d'argent déposés chaque jour devant sa porte. Que faire de toute cette somme ?
Ce long métrage qui regroupe aussi Michel Etcheverry, Noël Roquevert et Etchika Choureau, devait s'appeler initialement « Mille et un millions ». Une Pontoisienne, admiratrice de Jean Marais, s'approcha pour lui demander un autographe que le grand acteur lui offrit aussitôt. N'étant pas habituée par cet usage, elle lui demanda combien elle lui devait et il répondit bien naturellement : « Mille et un millions ! ».
Toute la ville accuse est le premier film de Claude Boissol. Ancien assistant de Jacques Becker sur
Falbalas, il est aussi l'auteur du scénario et c'est l'un de ses proches, ami de Jean Cocteau, qui l'a introduit auprès de Jean Marais auquel il a confié le rôle titre.
« Jean a tout de suite aimé l'histoire mais il voulait que René Clair la réalise, confiait le cinéaste. C'était hors de question ! Il a sans doute pensé qu'il pouvait me faire confiance puisqu'il a finalement accepté le rôle. J'étais très déçu lorsque le distributeur a décidé de changer le titre du film. L'histoire est censée se déroulée dans une ville de province anonyme, même si nous nous sommes inspirés d'Aubenas. Nous cherchions pour l'intrigue un kiosque à musique qui soit suffisamment ancien et un repéreur m'a orienté vers celui de Pontoise. Il convenait parfaitement car situé au cœur d'un parc. »
Jean Marais n'était pas tendre avec les jeunes réalisateurs qu'il a soutenus, comme le montre un entretien avec François Challais, pour l'émission Cinépanorama :
« J'ai aidé plusieurs jeunes metteurs en scène comme Kaast par exemple, et ça ne m'a pas réussi. J'avais confiance en ce metteur en scène par ses paroles et tout ce qu'il me disait et finalement, il a prouvé qu'il n'était pas quelqu'un d'important. Avec Boissol, non ! J'étais ravi, je l'ai aidé et lui ai donné sa chance. Il a fait son premier film grâce à moi et si c'était à refaire, je le referai. »