Le 20 juillet 1995, après plusieurs semaines de tournage à Paris, rue Labat, et en Auvergne, les nombreux comédiens, dont Michel Barrier, Dora Doll, Naël Narandin et Philippe Clay, arrivent place de la Harengerie pour obéir aux instructions du réalisateur Jacques Ertaud. Auteur de certains épisodes de la série
Navarro, il décèdera peu de temps avant la diffusion du téléfilm sur le petit écran.
Une trentaine de spécialistes ont investi les lieux avant leur arrivée afin de monter de nombreux décors extérieurs ou intérieurs qui rappellent le Montmartre des années trente. Une devanture de boutique d'un tailleur, une façade de café (« le Transatlantique »), sa cave, ainsi qu'un petit appartement ont été aménagés. Une mercerie, une boucherie, un intérieur d'épicerie et une loge de concierge sont rajoutés aux décors.
« À l'origine, les décors devaient être construits dans une rue des studios de la SFP, à Bry-sur-Marne, explique Alain Paroutaud, le chef décorateur. Nous avons même construit une maquette en relief afin de visualiser les aménagements à faire. Finalement, après un désaccord avec la SFP, nous nous sommes rabattus sur Pontoise. Ce quartier a été choisi pour de nombreuses raisons mais surtout pour sa place, la pente de la rue et les pierres qui rappellent le quartier de Montmartre. »
Robert Sabatier, présent, revit avec émotion cet épisode de son enfance :
« J'avais l'impression que, tant d'années après, je revivais les plus mauvais moments de ma vie. Et en même temps, j'étais étonné, émerveillé de la qualité des acteurs. J'avais l'impression que c'était la réalité, que c'était vrai. C'était même plus vrai que le vrai ! »
Les décors sont si saisissants que le cadre accueillera un nombre considérable de visiteurs lors de la Journée du Patrimoine de la même année, révélant que des lieux factices comme ceux créés par le septième art peuvent devenir de vrais lieux patrimoniaux. Malheureusement, ces décors brûleront quelques mois plus tard, lors d'un incendie qui n'a toujours pas été expliqué.