Lors du tournage de A
u nom de la terre, Edouard Bergeon est tombé sur un article de presse concernant le blocage de la raffinerie Total de la Mède par des agriculteurs. Ils protestaient contre l'importation d'huile de palme d'Asie du Sud-Est, destinée à la production de biocarburants :
"Les agriculteurs français avaient été incités par le gouvernement, via des primes, à cultiver du palme pour produire du biocarburant et les importations d'huile de palme allaient faire baisser les cours de marché de l'huile française. La colère de ces agriculteurs qui se sentaient floués a résonné en moi. Car au-delà du faible prix de production de l'huile de palme, se pose surtout la question de ce qui se cache derrière la promesse des 'carburants verts' qui ne proposent au fond rien de durable pour la planète, ni pour les humains. Ce 'miracle écologique' repose sur une des cultures les plus écocides de la planète, celle de l'huile de palme. Produire cette huile à l'autre bout du monde s'avère un désastre écologique. Elle implique une déforestation massive, terrible pour l'écosystème local et mondial - la forêt primaire est le poumon de notre planète et un rempart contre le réchauffement climatique. Elle nécessite l'utilisation massive d'engrais chimiques et de désherbants pour faire pousser les palmiers, sans oublier la quantité de fioul lourd nécessaire au transport de l'huile par cargo. C'est aussi un désastre humain pour les peuples autochtones des forêts tropicales qui se retrouvent expropriés de leurs terres ancestrales. Mais l'huile de palme est une incroyable manne financière pour les industriels, aussi bien pour les pays producteurs que pour les importateurs. Le marché est tellement important que la plupart des dirigeants politiques ferment les yeux sur ses conséquences."