Un fil à la patte permet au cinéaste Michel Deville de changer de registre et d'explorer l'univers de Feydeau et ses personnages vaudevillesques. Ce qui l'intéressait était d'explorer "la drôlerie et la férocité de son univers, ainsi que la construction très complexe de ses intrigues. Filmer ce mélange si propre au vaudeville - cynisme, humour, ambition et pouvoir de l'argent."
Selon l'acteur Charles Berling :
« Le scénario écrit par Rosalinde Deville modifie profondément le rôle des femmes. Le rapport est inversé, la femme n'est pas quittée, elle se débarasse de l'homme, ou elle lui accorde la place qu'elle veut. »
En cela, le personnage de Lucette incarné par Emmanuelle Béart représente une femme résolument moderne, voire transgressive. Le comédien poursuit :
« Les femmes sont puissantes, alors que chez Feydeau, elles sont charmantes, éventuellement dévergondées, mais manipulées. »
Pour son deuxième film, la jeune actrice Sara Forestier récemment césarisée dans la catégorie "Meilleur espoir féminin" pour son rôle dans
L'Esquive, change de registre tout en restant dans le "théâtre". En effet, dans le film d'Abdellatif Kechiche, elle était une amoureuse du texte de Marivaux, "On ne badine pas avec l'amour" ; ici elle interprète Viviane, l'un des personnages féminins principaux du film adapté de la pièce de Georges Feydeau. Ravie de se retrouver dans un univers aussi éloigné de son premier film, elle en apprécie :
« Les cadrages, le montage, le découpage, le rythme d'images. Ce n'est pas seulement un film drôle et malin, c'est tout le temps intelligent, dans tout. »
Michel Deville souhaitait depuis longtemps filmer Emmanuelle Béart. Ici, elle incarne une Lucette "solaire et secrète, sauvage et suave, elle est un mélange magnifique de plénitude et de mystère." De son côté, l'actrice a été impressionnée par le réalisateur :
« Michel Deville est un jeune homme intempestif, si présent et si vivant sur un tournage. Il ne dit pas grand chose, il filme à un rythme effréné et vous entraîne dans une valse à vous faire tourner la tête jusqu'à épuisement, puis s'éloigne dans un coin, près de la fenêtre, et son regard se porte sur d'autres paysages. Il m'a sans doute appris qu'on peut dire des choses graves avec légèreté et qu'elles n'en ont pas moins de force. »
Le film a été tourné au château de Chambly, propriété situé aux confins de l'Oise et du Val d'Oise. Le château et les grandes écuries sont utilisés ici, sortes de coquilles vides qui font le bonheur régulier des productions cinématographiques.