Samuel Yal est un sculpteur et vidéaste installé à Pontoise. Invité, seul, ou lors d'expositions collectives dans le monde entier, il collectionne les prix. Il s'intéresse notamment au visage "viatique de la présence du corps tout entier, en même temps qu'il en pointe l'absence et la disparition. Cette tension entre présence et absence, passage du visible à l'invisible invite le spectateur à rendre sensible sa présence au monde."
Choqué par l'allocution d'Emmanuel Macron du 16 mars 2020 qui déclare que la guerre est là, en parlant de la pandémie, il décide avec son épouse Sabine et ses trois enfants, Zacharie, Eva et Esther, de profiter du confinement pour réaliser un film d'animation en hommage aux personnes mobilisées et se moquant avec beaucoup d'humour des paroles du président de la République. Un film que ne renierait pas Michel Gondry tant le scénario et les objets utilisés, fabriqués avec tout et n'importe quoi, lui ressemblent.
Aux armes et caetera a remporté le premier prix du Concours du court-métrage confiné, organisé par Trois couleurs/ Mk2, au sein d'une sélection de plus de 600 films. Suite à cette récompense, Samuel Yal a souhaité prendre la plume :
« Chères amies, chers amis,
La vie d'artiste au quotidien relève d'une forme singulière de "confinement" et ce temps particulier du confinement généralisé m'a conduit à renoncer à l'atelier pour me tenir aux côtés de ma famille. Le naturel revenant au galop nous avons assez vite lancé le projet d'un film en complément d'un temps scolaire assez chaotique...
Nous sommes amusés aussi car cette production familiale s'est mise en place spontanément sans l'ambition de concourir à autre chose qu'à l'exigence de passer un bon moment et d'apporter un peu de poésie à cette période délicate... Au moment de tourner le plan final où la terre tourne aussi parfaitement rond qu'elle le peut en temps normal, nous n'étions pas certains que l'on se sortirait "aussi bien" que cela de cette crise... Nous l'espérions dans la crainte pourtant d'assister à une hécatombe bien pire qu'elle ne le fut...
Nous n'avons pas pris les armes,
nous ne sommes toujours pas sûrs que cela ait été une "guerre";
mais nous demeurons reconnaissants à ceux à qui ce film est dédié.
Que ce prix puisse concourir à manifester l'importance de chacune des vies et des métiers qui, dans l'ombre souvent, maintiennent la possibilité de la vie de tous:
Médecins, infirmiers, aide-soignants, brancardiers, facteurs, livreurs, éboueurs, enseignants, caissiers, magasiniers, personnels de ménage, agriculteurs... "Celles et ceux qui ne sont rien "... et à qui nous devons tout depuis longtemps ! »