En ce mois d'août 2019, nous sommes en fait en… 1899. Cette année-là, s'ouvre une enquête policière après la découverte du cadavre d'une femme, sans tête ni jambes, dans une valise repêchée sur la Seine. Une véritable affaire criminelle non élucidée, dont va naître la fiction imaginée par Fabien Nury et réalisée par Julien Despaux pour Tetra Media Fiction et A.F.P.I. pour Canal +.
« Nous voulons réaliser une fiction historique, où se télescopent un crime mystérieux et un contexte politique violent, opposant dreyfusards et antidreyfusards. Aujourd'hui, la scène que nous filmons est la conséquence des événements tournés la veille, où un kiosque a été brûlé et ses propriétaires passés à tabac à cause d'un différent politique. »
Pour représenter la réalité de l'époque, la production a déployé les grands moyens. En particulier les décors grandeur nature ajoutés dans les rues de Paris, bloquées pendant huit jours. « C'est l'enfer de tourner dans Paris », lâche Pierre Quéfféléan, chef décorateur de la série, récompensé aux Césars l'an passé pour son travail sur le film « Au revoir là-haut » d'Albert Dupontel.
« Il y a deux contraintes majeures : l'aspect financier, car beaucoup de façades trop modernes doivent être refaites. Et le temps. Si nous voulons filmer plus de deux jours, cela devient tout de suite compliqué. Il faut choisir presque de façon chirurgicale les lieux où nous voulons tourner, puis négocier avec la préfecture et avec la mairie pour obtenir les accords. Enfin, nous devons négocier avec les commerçants pour leur demander si nous pouvons refaire leur vitrine. Certains acceptent. D'autres refusent. C'est ce qui nous est arrivé avec un commerçant de la rue Malebranche. Il a donc fallu nous adapter et contourner la façade au tournage. »
En tout, six mois de tournage, une centaine d'acteurs, 20 cascadeurs, plus de 200 costumes et une trentaine de calèches sont nécessaires. Moins visible, le temps passé à la conception et à la préparation de la série est considérable.
« Nous avons débuté nos réflexions et la documentation en juin 2018, précise le réalisateur de la série Julien Despeaux. La préparation physique s'est ensuite étalée sur six mois à partir du mois de janvier. Il fallait cibler nos lieux de tournage, se mettre d'accord sur la façon dont nous allions nous adapter pour pallier les contraintes. »
Dans le Val d'Oise, l'équipe a investi le château de Franconville à Saint-Martin-du-Tertre pour y reconstituer de nombreux décors : les bureaux de la préfecture de police et la salle de conférence du préfet au rez-de-chaussée, l'échoppe d'un boucher et une chambre à l'étage et une salle d'archives sous les combles.