Martin Provost débute sa carrière cinématographique en 1976, dans le film de Nelly Kaplan,
Néa. Il vient de quitter sa province natale pour Paris et se partage entre le cinéma, le théâtre et la télévision, jouant notamment aux côtés de Louis de Funès et Annie Girardot dans
La Zizanie (Claude Zidi, 1978) ; Claude Dauphin et Raymond Pellegrin dans
Messieurs les ronds de cuir (Daniel Ceccaldi, 1978) ou Jacques Dumesnil dans le feuilleton
Au plaisir de Dieu (Robert Mazoyer, 1977). En 1981, il est Gérald dans le cultissime
Pause-café (Serge Leroy, 1981) où il côtoie alors Véronique Jannot, devenue la plus célèbre assistante sociale de France. Mais, c'est le théâtre qui offre au jeune comédien les expériences les plus concluantes et les plus enrichissantes. A retenir notamment son rôle dans
Tout dans le jardin (1979), aux côtés de Jean Desailly et Simone Valère, une pièce diffusée dans le cadre de
Au théâtre ce soir, la mythique émission de Pierre Sabbagh.
Au début des années 1980, il monte pour la première fois une de ses pièces,
Le voyage immobile, avant d'entrer comme stagiaire puis pensionnaire pendant six ans à la Comédie française. Plus tard, il crée
Les Poupées à Avignon puis à Paris ; et publie un roman intitulé "Aime-moi vite", aux éditions Flammarion. De la mise en scène théâtrale à celle du cinéma, il n'y a qu'un pas qu'il franchit en 1997, en réalisant, après deux courts-métrages, son premier long :
Tortilla y cinéma. Puis, il écrit et réalise
Le Ventre de Juliette, joli film sur une jeune fille de vingt ans qui tombe enceinte et décide de garder son bébé envers et contre tous.
En 2000, il quitte son appartement parisien pour s'installer à Chantemesle, près de La Roche-Guyon.
« j'ai acheté cette maison dans l'idée de me concentrer encore plus sur l'écriture et le cinéma, loin de toute te agitation, raconte t-il. Je dois dire que j'y suis très heureux, le Vexin est une région particulièrement magnifique et préservée, grâce au parc naturel. Il suffit de voir Séraphine pour le comprendre. Tous les arbres du film sont dans le Vexin. La route de Magny est une merveille, je tremble quand je vois qu'on a coupé certains arbres à l'approche des villages. La boucle de la Seine ou j'habite est particulièrement belle. Haute-Isle, avec ses grottes, son église creusée dans la falaise, ses îles, une végétation très préservée. J'y suis heureux et ne regrette pas du tout ma vie à Paris. Ici, je suis concentré sur l'essentiel et il y a une véritable entraide entre les gens du village. La Roche-Guyon, Vétheuil sont à dix minutes de vélo. Et puis Yolande Moreau habite à deux pas... »
Le hasard veut que Yolande réside à quelques kilomètres seulement de Martin, à Gasny, dans le département de l'Eure.
« Je savais qu'elle habitait la région toute l'année parce que je l'avais aperçue au supermarché mais surtout parce que nous avions le même entrepreneur. Celui-ci a refait la maison de Yolande et Yves, son mari, avant de s'attaquer à la mienne. Il en éprouvait une certaine fierté. Je l'ai donc appelé : Gérard, est-ce que tu pourrais me faire rencontrer Yolande Moreau, j'ai quelque chose à lui proposer. Et il me répond tout de go : "Je te rappelle." Deux minutes d'attente et mon téléphone a sonné... »
Martin rassemble toutes ses notes, et quelques dizaines de minutes plus tard, se retrouve chez Yolande Moreau pour lui proposer le scénario de
Séraphine. Ce sera le début d'une aventure cinématographique incroyable qui les mènera jusqu'aux César.
Plus tard, le cinéaste enchaine les succès avec
Violette,
Sage femme et
La Bonne épouse. Tous ces films sont en partie tournés dans le Vexin. Un passage obligé pour chacune de ses réalisations, sans doute !