Au début des années 60, la RTF (Radio Télévision Française) choisit d'adapter pour la télévision les grands classiques de la littérature, dans la collection
Le Théâtre de la jeunesse. Ainsi, en 1961, Alain Boudet met en scène
Cosette, d'après
Les Misérables. Parmi les interprètes, la jeune Pontoisienne Martine Lambert, fille de notre regretté Max-André Lambert, ancien journaliste à la Gazette du Val-d'Oise.
Dans cette belle adaptation de l'œuvre de Victor Hugo, Martine Lambert joue le rôle d'Éponine, et partage la vedette avec Jean Chevrier, Rosy Varte, Marcel Bozzuffi et Sylviane Margollé, cette dernière interprétant Cosette.
« Je voulais avoir le rôle de Cosette et celle qui l'a eu m'énervait beaucoup, raconte Martine Lambert. Elle avait des cheveux plus blonds que les miens et des nattes plus longues... Je me souviens des répétitions qui ont duré plus d'un mois et demi, aussi longues que pour une véritable pièce de théâtre. L'ambiance du tournage était très sympa et les décors et les costumes m'impressionnaient beaucoup. »
La fille de Max-André commence sa carrière de comédienne en faisant de la figuration, en 1955, pour le film de Gilles Grangier,
Le Sang à la tête, avec Jean Gabin.
« Gabin me faisait peur. Dès qu'il arrivait, je me mettais à pleurer ! »
Son rôle le plus important, c'est dans
La Française et l'amour qu'elle l'obtient, en 1960. Ce film à sketches réalisé notamment par Henri Decoin, Michel Boisrond et Jean Delannoy, est l'adaptation d'un sondage effectué un an plus tôt auprès d'un échantillon de femmes françaises sur leurs pratiques amoureuses. Martine a alors neuf ans et interprète, dans le sketch
L'Enfance, la petite Gisèle.
« Darry Cowl, qui jouait à mes côtés, faisait rire tout le monde. Lors de la Première, sur les Champs-Élysées, j'accompagnais Marie-José Nat et Jean-Paul Belmondo sans me rendre compte de la chance que j'avais. »
Malgré des débuts prometteurs, la jeune-fille n'a pas souhaité continuer sa carrière de comédienne, pour se diriger vers une profession moins aléatoire :
« J'ai commencé à l'âge de quatre ans, grâce à Papa qui, en contact avec ce milieu, m'a poussée dedans. Mais, plus tard, c'est devenu difficile de faire ce métier en même temps que le lycée. Mes professeurs, à Pontoise, me faisaient des remarques sur mes absences répétées. En classe de quatrième, j'ai choisi de tout arrêter. Il faut dire que mes parents m'avaient inscrite aux cours de piano, de danse, et me faisaient jouer dans l'orchestre de baby jazz qu'ils avaient créé. Ça faisait beaucoup ! De plus, j'étais assez mûre pour me rendre compte qu'il était difficile de percer dans le métier. »
Aujourd'hui, Martine Lambert se souvient avec beaucoup de nostalgie de ces années de bohème.
« J'ai toujours occulté à mes amis cette carrière de comédienne. J'ai toujours voulu la cacher. Des amis de vingt ans ne la découvrent que maintenant. »