Pendant près de trente ans, Alice Tissot s'est partagée entre son appartement de l'avenue de la Motte-Piquet, à Paris et Nesles-la-Vallée, village dans lequel elle passait chaque mardi sa journée hebdomadaire de repos.
« C'est la guerre qui m'a fait connaître Nesles, confiait la comédienne. Plusieurs de mes amis nous avaient invitées, mes deux cousines et moi, à venir se réfugier dans cette localité afin de nous préserver des bombardements. À l'époque, le ravitaillement était difficile, aussi, pour palier cette difficulté, je fis en compagnie de mon neveu l'acquisition d'une petite propriété que nous avons transformée en ferme. Deux vaches, deux porcs et plusieurs volailles nous permirent de mieux nous nourrir. La guerre finie, j'étais alors très attachée à Nesles. En 1949, ayant vendu ma fermette, on me proposa une autre maison, devant laquelle je restais en extase. Ses propriétaires faisant montre de beaucoup de gentillesse à mon égard, je ne tardais pas à acheter cette propriété où je vais me détendre dès que j'ai une journée de loisirs. J'adore Nesles, son pittoresque et ses promenades à l'infini. »
Souhaitant très tôt devenir comédienne, son père l'en interdit pourtant, la destinant au métier de l'enseignement. Ayant fait fléchir son papa, elle entre à 17 ans à la Gaumont et tourne son premier film,
Vers l'idéal, en 1913. Enchaînant un film tous les quinze jours, elle devient ensuite l'égérie de Louis Feuillade qui lui donne de nombreux rôles entre 1919 et 1924. Sa carrière est lancée, Alice Tissot interprétera plusieurs centaines de rôles au Cinéma, mais également au théâtre.
« Je suis la femme qui a le plus grand nombre de films à son actif, soulignait-elle, en 1961, car j'en compte près de... quatre cents. »
Parmi ses films importants, on retient.
Un chapeau de paille d'Italie de René Clair (1927),
Nuits de prince de Marcel L'herbier (1928),
Le Capitaine Fracasse d'Abel Gance (1942) tourné au château de Vigny,
Porte des Lilas ! de René Clair (1956). Surtout, elle a accompagné Fernandel dans
François 1er (Christian-Jaque, 1937) et
Ignace (Pierre Colombier, 1937)