Micheline Chassagne, alias Micheline Presle, enchaîne les rôles de jeune première pour Abel Gance (
Le Paradis perdu, 1939), Marcel L'Herbier (
La Comédie du bonheur, 1940), Marc Allégret (
La Belle aventure, 1942), et Jacques Becker (
Falbalas, 1944). Elle casse cette image en interprétant la prostituée
Boule de suif (Christian-Jaque, 1945), d'après Guy de Maupassant. Elle récidive en incarnant la libre Marthe Grangier aux côtés de son jeune amant (Gérard Philipe) dans
Le Diable au corps (Claude Autant-Lara, 1947), adaptation du roman de Raymond Radiguet.
Tentée par Hollywood, la jeune femme s'envole pour l'Amérique et tourne notamment
The Adventures of Captain Fabian / La Taverne de New Orléans (William Marshall, 1951). De retour en Europe, elle joue Marguerite Gauthier dans
La Dame aux camélias (Raymond Bernard, 1953), Mme de Pompadour dans
Si Versailles m'était conté (Sacha Guitry, 1954) et Hortense de Beauharnais dans
Napoléon (Sacha Guitry, 1955) – dont une scène mémorable est tournée à Herblay.
Elle s'en donne à cœur joie dans
Treize à table (André Hunebelle, 1955) et dans
Le Baron de l'écluse (Jean Delannoy, 1960) – en partie tourné à Saint-Prix – dans le rôle de Perle Germain-Joubert, premier amour du baron Jérôme Napoléon Antoine, alias Jean Gabin. Jacques Demy est si content de son interprétation dans
Les Sept péchés capitaux (1962) qu'il fait de nouveau appel à elle pour jouer la reine de
Peau d'Âne (1970) et la doctoresse Delavigne de
L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune (1973). Entre-temps, Jacques Rivette en a fait la mère supérieure de sa
Religieuse (1966).
Parallèlement, elle triomphe dans
Les Saintes chéries (Nicole de Buron, 1965) sur la première chaîne de l'ORTF. Elle s'amuse avec Jean Girault (
Deux grandes filles dans un pyjama, 1974) ou Jean Yanne (
Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, 1979). Elle accompagne les débuts de jeunes réalisateurs comme Guy Gilles (
Clair de terre, 1969), Jérôme Savary (
Le Boucher, la star et l'orpheline, 1975), Jacques Davila (
Certaines nouvelles, 1978) ou Gérard Frot-Coutaz (
Beau temps mais orageux en fin de journée , 1986). Elle partage l'affiche du
Jour des rois (Marie-Claude Treilhou, 1991) avec Paulette Dubost (1910-2011) et Danielle Darrieux (1917-2017).
Mère de la réalisatrice Tonie Marshall, Micheline Presle découvre Vétheuil au début des années 2000 et elle est tout de suite séduite :
« Je ne connaissais pas du tout la région », raconte-t-elle. « C'est un vrai mouchoir de poche, coincé entre les falaises et la Seine. J'ai eu un coup de cœur. La route qui mène à La Roche-Guyon est magnifique, avec ses arbres, sa lumière… J'ai eu la chance de trouver quelque chose avec un jardin, en contrebas de la route des Crêtes. Très vite, j'y ai planté des petits arbres fruitiers. »
Micheline Presle s'est éteinte le 21 février 2024 à l'âge de 101 ans.