C'est dans les années 1940 que Laurence Badie a commencé à se faire un nom sur les planches. Elle a brillé en interprétant des personnages emblématiques de pièces de Shakespeare, Molière et Beaumarchais. Elle a aussi participé à la belle aventure du Théâtre national populaire (TNP) de Jean Vilar.
Au cinéma, Laurence Badie a connu de nombreux succès. Son premier rôle a été dans
La Vie d'un honnête homme de Sacha Guitry en 1952. Trois ans plus tard, le producteur américain John Houseman lui propose d'incarner Adeline Ravoux dans
La Vie passionnée de Vincent van Gogh (Vincente Minnelli, 1956), avec Kirk Douglas et Anthony Quinn.
« Je me souviens très bien, raconte-t-elle, j'avais été à l'hôtel Raphaël envoyée par mon agent du moment, et j'avais vu un producteur adorable, John Houseman, un des plus grands producteurs. Je lui avais bien plu, en tout bien tout honneur bien entendu sinon ma carrière se serait améliorée autrement et il m'a dit "vous seriez merveilleuse en Adeline Ravoux". Puis j'en ai plus entendu parler et je n'y comptais plus du tout. J'étais au TNP, chez Vilar à l'époque. Et voilà qu'un jour je reçois une convocation me disant "Vous tournez à Auvers-sur-Oise dans le rôle d'Adeline Ravoux, de telle date à telle date". »
Laurence Badie doit obtenir l'autorisation de Jean Vilar pour pouvoir quitter le TNP et rejoindre la Metro Goldwyn Mayer. Elle va le voir et lui explique : "Voilà Monsieur, Hollywood m'appelle, est-ce que je peux…" Vilar accepte avec beaucoup de gentillesse et lui donne un congé d'un mois.
« Je suis allée tourner à Auvers-sur-Oise, continue Laurence. J'étais la fille de l'aubergiste qui était joué par Jean Debucourt. C'était merveilleux, c'était une très belle ambiance parce que les stars étaient des merveilles. Jouer avec Kirk Douglas, Anthony Quinn, c'était un bonheur !»
Laurence Badie a ensuite enchaîné les collaborations avec des réalisateurs renommés tels que François Truffaut, Vittorio De Sica, Jean-Claude Brialy et Gilles Grangier. En 1966, elle se rend au château de Villarceaux pour les besoins du téléfilm
Julie de Chaverny ou la double méprise, au côté de la regrettée Françoise Dorléac. Sa carrière sur grand écran s'est terminée en 2010, après une quarantaine de rôles mémorables.
Outre ses performances d'actrice, elle a également marqué l'univers du doublage. De 1950 à 2000, elle a prêté sa voix à des personnages devenus cultes tels que le fantôme Casper, Vera dans
Scoubidou et la serveuse de l'auberge dans la saga
Kuzco de Disney. Elle a également doublé Wonder Woman dans la série télévisée de 1976 et Blanche dans
Bonnie and Clyde au cinéma. Son talent vocal unique a contribué à donner vie à ces personnages emblématiques.
Laurence Badie avait accepté de nous recevoir pour un entretien filmé, il y a une dizaine d'années (voir ci-dessous). Elle y contait ses souvenirs avec beaucoup de gentillesse, non sans occulter sa répartie légendaire.