Le parc de Villarceaux, géré par le Conseil régional d'Ile-de-France, est un domaine exceptionnel. En 1965, Riccardo Freda y a tourné à trois caméras l'intégralité de sa grande fresque en costume, Les Deux Orphelines, une adaptation du drame en cinq actes d'Adolphe d'Ennery.
Un journaliste du magazine Arts (31 mars 1965) assiste à la scène de l'enlèvement d'Henriette. La préparation est rapide, chaque figurant se voit fixer un parcours précis, devant à la fois prendre part à l'action et ne pas être sur le chemin des acteurs ni sur celui des caméras : il y en a trois, la troisième dissimulée aux deux autres par un groupe de figurants. L'une suit les ravisseurs emmenant Henriette (Sophie Darès) dans le coche puis le départ de celui-ci, la seconde le coche prenant de la vitesse, la troisième l'orpheline aveugle (Valeria Ciangottini).
La première prise est ratée pour deux caméras, Freda demande au troisième cameraman si elle est bonne pour lui et, sur une réponse affirmative, l'emmène plus loin pour tourner sous un quatrième angle, la suite de l'action. L'orpheline aveugle manque d'être écrasée par le coche et est sauvée par Pierre (Denis Manuel). cette fois, les chevaux refusent de partir et piétinent. Freda avance vers eux, les appelle et les excite ; ils se décident finalement et foncent, passant à dix centimètres du metteur en scène, de la caméra et du producteur.
« Je tourne tous mes films de la même manière, films historiques ou non, raconte le cinéaste italien. J'ai besoin de tourner très vite ; je suis très nerveux pendant le tournage et je filme trente-cinq, quarante plans par jour, en extérieurs ou en intérieurs. Je voudrais donner le sentiment que le rythme du film est quelque chose de naturel et pas un effet de montage. »