Loin des décors hollywoodiens, c'est en toute simplicité que Joël Chalude a tourné avec son équipe, son premier long-métrage,
Crimes en sourdine, initialement appelé
Arsenic et vieilles oreilles, une adaptation du film américain
Arsenic et vieilles dentelles. Il y aborde la problématique de la surdité. Et pour cause. Joël Chalude est lui-même sourd. Mais, pas question pour autant de tomber dans le « compassionnel ».
« Je veux aller au-delà des clichés. Notre surdité, nous la considérons comme une culture à part entière, avec ses codes, une langue, celle des signes », explique-t-il. « Arsenic et vieilles oreilles » raconte l'histoire de deux vieilles dames sourdes prêtes à tout pour venger leur neveu, lui-même sourd et qui a été mal soigné. »
Les premiers rôles sont tenus par des malentendants. Chantal Liennel, comédienne sourde, y joue le rôle d'une des vieilles dames.
« D'habitude, je suis cantonnée à des rôles de servantes. Là, je signe, et c'est très important car ça fait partie de moi, explique la comédienne en signant à Fanny Druilhe (comédienne et présidente de l'association Symbioses), qui fait office d'interprète.
C'est un film burlesque, où entendants et malentendants jouent ensemble, se réjouit Héléna Mogelan. C'est une expérience très enrichissante », insiste-t-elle tout sourire. Et pourtant, c'était difficile pour Joël Chalude de trouver des producteurs qui lui fassent confiance.
« C'est le premier film de fiction jamais réalisé par un sourd dans l'histoire de l'audiovisuel français, regrette-t-il. J'ai dû financer ce tournage avec mes fonds propres. J'ai investi 50 000 € de ma poche. Le budget total est de 80 000 €, alors que pour un long-métrage il faut compter au minimum dix fois plus », détaille-t-il. »»