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La carrière trop courte de Jacques Santi

La carrière trop courte de Jacques Santi
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L'enfant d'Epiais
Article publié le mardi 28 avril 2020 à 08h30
Ceux qui ont fréquenté le collège Chabanne de Pontoise, dans les années 60, n'ont pas oublié celui qui officiait comme surveillant, Jacques Giudiccelli, dit Giudy.

François Marçot était l'un de ses élèves et il se souvient encore de ce jour où il l'aperçut sur l'écran lors d'une projection dans l'ancien cinéma l'Excelsior :

« Nous étions nombreux ce soir là à venir du collège et quelle surprise pour nous tous de le reconnaître dans une publicité pour le savon Palmolive. Nous avons bien ri le lendemain matin. »

Après des études de médecine, Jacques Giudiccelli laisse son poste de surveillant d'internat pour embrasser la carrière de comédien, sous le nom de Jacques Santi. Il suit des cours chez René Simon et, après son service militaire, devient une vedette de télévision avec La Princesse du Rail, et surtout Les Chevaliers du Ciel, où il incarne le rôle de Tanguy :

« J'en garde un très bon souvenir, déclarait-il à un journaliste. On s'est baladé dans tous les coins du monde. Mais il y avait ces prises en plein ciel, en double commande, avec l'avion tombant de 15 000 mètres comme une pierre. Ça fait un mal épouvantable aux oreilles et vous entrez dans un véritable coma ! »

Puis, Jacques Santi abandonne le métier d'acteur, « sans aucune frustation... je crois que je n'étais pas terrible », pour devenir pendant une quinzaine d'années l'assistant de réalisateurs prestigieux comme Claude Sautet, Claude Zidi, Pierre Granier-Deferre ou Robert Enrico.

« Et le voilà stagiaire à la mise en scène sur le tournage de César et Rosalie de Claude Sautet, raconte Alexandre Jardin, tout en bas de l'échelle en train de porter des sandwichs, lui, la star populaire... »

En 1986, Giudy réalise son premier et unique film, Flag, un polar avec son ami Richard Bohringer et Pierre Arditi. Peu de temps avant sa sortie, il apprend qu'il a une tumeur au cerveau. Le comédien Sylvain Joubert, originaire comme lui de la région de Pontoise, est un des derniers à l'avoir vu, peu de temps avant sa mort :

« Il était originaire d'Epiais-Rhus et moi, de Grisy-les-Plâtres. Nous avions donc des amis communs et j'adorais sa grand-mère. Cette femme qui l'a élevé était extraordinaire. Plus tard, on reparlait souvent d'elle et de la région. J'habitais boulevard Murat, à Paris, quand il est mort. Un peu plus tôt, on venait de découvrir cette terrible tumeur et il m'a appelé et m'a ensuite remis un manuscrit. Un manuscrit publié post-mortem sous le titre Le Petit Bonhomme en noir. Il m'a dit : "Je te le confie car je vais m'en aller et il n'y a qu'en toi que j'ai confiance.". C'est mon dernier souvenir. On s'est vu entre deux portes, on s'est dit trois mots mais on s'est vite compris. Plus tard, j'ai revu dans son livre toute mon enfance. »

Dans Le Petit Bonhomme en noir, publié chez Denoël, Jacques Santi raconte son enfance à Epiais-Rhus, son déménagement douloureux à Grisy, et son amour fou pour sa grand-mère qui se meurt. Il voit la mort sous la forme d'un petit bonhomme en noir qui surgit à l'improviste au bout des champs, et qui se révèle être un épouvantail quand il s'en approche.

« Il ne savait pas vivre alors il a "glissé" (comprenez "mourir"), comme il disait ; car il usait d'un vocabulaire qui lui était propre, écrivait Alexandre Jardin, lorsque le livre est paru. Maladivement sensible, il inventait des formules pour noyer son mal être dans le rire. Sa carrière ressemble à un malentendu avec le monde et avec lui-même (...) Que son livre paraisse après sa mort lui ressemble bien. Jacques Santi est de ces êtres qui comptent plus par ce qu'ils ont été que par ce qu'ils ont fait. »
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