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Jean Prodromidès, compositeur éclectique

Jean Prodromidès, compositeur éclectique
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Un Académicien à Nerville
Article publié le lundi 04 mai 2020 à 07h37
« J'ai découvert Nerville en 1960, trente-huit ans déjà », s'exclame Jean Prodromidès, assis devant un imposant bureau de style. « J'avais une commande importante de la télévision [Les Perses] et j'avais demandé à ma femme de me trouver un endroit tranquille à la campagne pour pouvoir écrire cette œuvre au calme. Trois mois devaient suffire.
Après diverses prospections, mon épouse revint en me disant avoir trouvé l'endroit rêvé... mais la propriétaire, Madame de Galard, ne voulait pas louer pour moins d'un an.
- Cherchons autre chose, lui dis-je.
- Viens donc voir avant de refuser.
C'était le printemps, les arbres en fleurs, et dès l'ouverture du portail de la propriété, je fus conquis par la magie du lieu. Nerville, sa forêt, ses prairies, tout cela semblait si loin de Paris et pourtant si près. Nous avons donc loué cette maison pour un an, ce qui était sage car le travail de composition me prît largement plus de trois mois. »

C'est dans cette maison que Jean Prodromidès a composé l'essentiel de ses œuvres. Né à Neuilly-sur-Seine, il commence le piano à l'âge de huit ans. Six ans plus tard, il se destine déjà au métier de compositeur.

« Je me suis retrouvé directement dans la classe d'Olivier Messiaen. C'était sa dernière année. Ce fut merveilleux et cela reste mon meilleur souvenir du Conservatoire. L'enseignement de Messiaen ouvrait sur toutes les musiques. »

C'est pour gagner sa vie, qu'il commence sa carrière de compositeur en faisant des musiques de films. Après plusieurs courts métrages, il met en musique Courte Tête, de Norbert Carbonnaux (1955), film dans lequel Fernand Gravey, Jean Richard et Louis de Funès interprètent des héros de type Pieds Nickelés. Pourtant, ce n'est pas sa première incursion dans le monde du cinéma :

« J'avais déjà fait mes premières armes - si l'on peut dire ! - au service militaire. Las de jouer du triangle dans une musique militaire, je me suis fait muter au Service Cinéma des Armées à qui j'ai offert mes bons offices. J'y ai écrit la musique d'un film dont le sujet était quelque chose comme L'utilisation des tournevis dans la Marine. »


Viens ensuite le très beau Voyage en ballon d'Albert Lamorisse (1960), puis des films de Gabin qui lui permettent de côtoyer ce monstre sacré (Archimède le clochard, Le Baron de l'écluse, Maigret et l'affaire Saint Fiacre). Il poursuit par une dizaine d'autres musiques dont Les Amitiés particulières (Jean Delannoy) et surtout Mourir de plaisir de Roger Vadim.

« La musique de film m'a beaucoup apporté. Elle m'a particulièrement aidé à me rapprocher de l'opéra. Les techniques de composition sont d'ailleurs assez voisines. Dans les deux cas, il faut rendre compte d'une scène et en chercher le dénominateur commun. C'est la musique de film qui donne le soubassement d'une scène. Dans un opéra, c'est l'orchestre qui joue ce rôle. Je pense d'ailleurs qu'il est impossible, aujourd'hui, d'écrire un opéra en ignorant le cinéma : montage, ellipses, flash-back et raccourcis créent une appréhension du temps qui n'existait pas auparavant. »

C'est sans doute pour cette raison que le sympathique Nervillois s'entoure de deux scénaristes issus du cinéma, Jean Gruault et Jean Cosmos, collaborateurs de Godard et de Tavernier, pour écrire ses livrets d'opéra.

« Un scénariste est quelquefois frustré de voir son travail librement réadapté par le metteur en scène. Dans un opéra, il m'apporte un discours nouveau, un sens du temps plus moderne. »

En 1982, Andrzej Wajda lui propose de composer la musique de Danton.

« Quand il m'a proposé cette tâche, je lui ai répondu que je voyais une musique qui exprime les mouvements de foule et les cris. »

Cette musique, violente, est faite de cris et d'éclats de voix dans le but d'exprimer parfaitement ce qui sous-tend le conflit opposant Robespierre et Danton, afin de rendre le plus fidèlement possible le bruit et la fureur de la Révolution. Elle exprime parfaitement cette concordance voulue par Jean Prodromidès entre le cinéma et l'opéra.

Cette collaboration avec le metteur en scène polonais sera une des rares nouvelles incursions du compositeur dans le septième art :

« Afin de me consacrer à l'opéra, j'ai du refuser des propositions et les réalisateurs le prennent très mal. De plus, cela devient aujourd'hui de la musique industrielle. »

Surtout reconnu pour ses opéras (il en a composés cinq), représentés sur les plus grandes scènes lyriques françaises, Jean Prodromidès est le compositeur vivant qui a le plus d'œuvres musicales retransmises à la télévision. En 1990, il a été intronisé par Marcel Landowski à l'Académie des Beaux Arts, sur le siège d'Henri Sauguet. Il est décédé le 17 mars 2016, à l'âge de 88 ans.

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