« Nous avons suivi l'allée d'arbres et tout au fond, la maison est apparue (…) Nous avons ouvert les volets et exploré la maison, déjà mon imagination chantait. Chaque fenêtre découvrait un lieu d'un romantisme sublime. La maison serait ce que nous la ferions, la rivière coulait à vingt mètres, les arbres existaient, le silence habitait cette terre. »
Anne Philipe, Le temps d'un soupir, Paris, Julliard, 1963
Anne Philippe (1917-1990) écrit ces lignes quatre ans après la mort de son mari Gérard Philipe (1922-1959), emporté par la maladie quelques années après l'arrivée du couple à Cergy. La demeure qui les a tant séduits est une grande bâtisse bourgeoise qu'un de ses propriétaires a transformée en manoir périgourdin. Ils vont percer de grandes baies vitrées sur le pignon sud et aménager un grand séjour doté d'une mezzanine. Logés dans une petite maison voisine, leurs amis mettent volontiers la main à la pâte pour aider dans ses travaux le comédien « hirsute, riant, arc-bouté sur ses longues jambes de lévrier, le torse nu ou vêtu de vieux vêtements, [qui dépense] ses forces avec l'allégresse de Fanfan la Tulipe » :
« Cergy, près de Pontoise : une grande bâtisse bourgeoise, la maison de maîtres de la fin du XIXe siècle, gracieuse de proportions. Mais un parc admirable, des centaines de vieux arbres, une pelouse, des jardins en étages, des serres, et le plus beau cadeau que la nature puisse faire à une demeure : un fleuve. Au petit matin, on était à demi éveillé par le mugissement des péniches qui remontent ou descendent l'Oise. On baignait dans le murmure des feuillages et celui de l'eau. »
Anne Philipe et Claude Roy, Gérard Philipe, souvenirs et témoignages, Paris, Gallimard, 1960
Une belle prairie, un jardin d'arbres, un ancien potager et sa serre… Le domaine, accessible par le chemin du Bac de Gency, ouvre ponctuellement pour des manifestations culturelles.