Bertrand Tavernier n'a tourné que trois films dans le Val d'Oise. Mais, si Quai d'Orsay parait être un titre mineur, La Fille de d'Artagnan et, surtout, Un dimanche à la campagne, sont emblématiques.
A l'automne 1983, pour Un dimanche à la campagne il arpente toute l'Île-de-France avant de découvrir le domaine du Grand-Saint-Léger, à Villers-en-Arthies : un ancien pavillon de chasse, construit en 1835 pour le roi des Belges Léopold Ier, qui propose une véranda, une marquise sur la terrasse, un jardin potager, un petit pont, de superbes communs et de multiples recoins.
Pendant six semaines, l'équipe navigue de Villers-en-Arthies à Villarceaux ou à Wy-dit-Joli-Village. L'enjeu est en effet de recréer l'atmosphère picturale de la Belle Époque en conjuguant la palette solaire de Pierre Bonnard avec les scènes intimistes d'Édouard Vuillard et les ambiances champêtres d'Auguste Renoir, où les explosions de vie « n'arrivent pas à cacher la mélancolie du souvenir ». Mais, conserver en automne une lumière unie sous le ciel capricieux du Vexin relève du défi et l'aérodrome de Chérence est mis à contribution pour faire un point météo toutes les heures.
Un dimanche à la campagne est sélectionné au festival de Cannes 1984 et remporte le prix de la mise en scène. Sabine Azéma obtiendra, elle, le César de la meilleure actrice en 1985. Ce film, entièrement tourné dans le Vexin Français est un véritable hymne à la beauté de ses paysages.
En 1994, pour La Fille de d'Artagnan, Bertrand Tavernier utilise l'une des salles du château de Vigny pour y installer la chambre à coucher du jeune roi Louis XIV (Stéphane Legros). Le choix s'est porté sur cette pièce en raison de ses boiseries qui longent les murs.
Enfin, en 2013, le cinéaste investit l'aéroport de Roissy pour y filmer les déplacements du ministre des Affaires étrangères (Thierry L'Hermitte), dans Quai d'Orsay. Ce sera son dernier tournage. Quelques mois plus tard, il s'attèlera à sa dernière oeuvre, un documentaire dédié au cinéma français qu'il aimait tant : Voyage dans le cinéma français. Car Bertrand Tavernier savait autant mettre en avant ses propres films que ceux des autres.