Le collège de Luzarches porte le nom de "Collège Louis Jouvet". Ce titre rappelle aux habitants que le célèbre acteur, avant de connaître la carrière que l'on sait, fut d'abord préparateur pharmaceutique dans l'officine du pharmacien Horbette, à l'emplacement de l'actuelle charcuterie de la place de la mairie.
À la fin de l'année 1900, la famille réside dans les Ardennes, Louis Jouvet perd son père, il a alors 13 ans. Sa mère se retrouve seule avec lui et ses deux grands frères, Edmond et Gustave. Elle donne le choix au petit Louis d'étudier la médecine ou la pharmacie :
« J'avais choisi la pharmacie de préférence à la médecine, parce qu'il me semblait que cela me laisserait un peu plus de liberté. Mon but était de me faufiler dans tous les lieux où je pouvais espérer rencontrer des artistes », dira-il plus tard à un de ses amis.
Déjà, un de ses oncles est médecin. Le docteur Séjournet lui récite d'ailleurs souvent sa maxime préférée :
Bon chien ne peut chasser que de race. Jouvet lit Molière et Beaumarchais et récite Corneille à qui veut l'entendre, et pour son seul plaisir, sous les marronniers du fond du jardin.
A dix-sept ans, il débarque à Paris :
« Je venais de jurer aux miens que j'allais m'inscrire à la Faculté. C'est grâce à cette promesse qu'ils m'ont lâché. Il me fallait donc assurer mes diplômes et aussi mon argent de poche, tout ce qu'ils appelaient le superflu : les livres, les places au théâtre, l'indispensable, quoi ! »
Au lieu de fiche en l'air ses études de pharmacie, il s'inscrit réellement à la Faculté, par respect pour sa famille, mais suit en même temps les cours de Leloir au Conservatoire. Ses diplômes en main, il travaille donc comme préparateur, dans les années dix, et c'est ainsi qu'il est employé par le pharmacien Horbette, à Luzarches.
Ses études de pharmacie lui auront tout juste servi à payer ses cours de comédie et, peut-être, à jouer plus tard
Knock, la pièce de Jules Romain, au théâtre et au cinéma. Cette pièce dans laquelle un charlatan entourloupe ses patients avec un élixir soit disant miraculeux.
Si Luzarches perdait un préparateur pharmaceutique, le théâtre et le cinéma allaient gagner un des plus grands acteurs français.
« Si je suis parvenu à être comédien, c'est que j'aimais le théâtre plus que ma fierté », expliquera Louis Jouvet lors d'un repas privé.