C'est à Luzarches que naît, le 5 août 1905, Claude Autant-Lara, fils d'Edouard Autant, architecte, et de Larapidie de l'Isle dite Lara, sociétaire de la Comédie-Française. C'est plus précisément à Seugy qu'il passe son enfance, dans une superbe maison en pierre meulière construite par son père, rue de Viarmes, qui existe toujours :
« Comme nombre d'enfants dont les parents sont très occupés, menant une vie marginale, absorbante, à des heures insolites de surcroît, j'ai été élevé, au début, par ma grand-mère à la campagne. Un jour, j'avais sept ans, j'ai mis délibérément le feu aux rideaux de la chambre de mes parents et toute la maison a bien failli brûler...
Je revois encore ma grand-mère Antoinette - quasiment infirme - bondir, trouver d'un coup une agilité surprenante, instantanément des muscles et des ressorts d'acier pour circonvenir puis éteindre l'incendie naissant !
La maison se trouvait à Seugy, à une trentaine de kilomètres de Paris : mes parents n'y venaient qu'occasionnellement.
(...) Quand ils venaient à Seugy, mes parents arrivaient dans la "Germaine", la première - la toute première - voiture automobile Renault entièrement fermée. Louis Renault était un ami de mon père qui avait eu un mal fou à obtenir de lui cette voiture fermée :
- C'est ridicule et dangereux, Autant ! Vous n'entendez rien là-dedans ! Comment voulez-vous conduire une voiture sans entendre les bruits ambiants ? Vous êtes fou ! Vous allez vous tuer ! »
Un jour, son père invite l'oncle Charles à Seugy. Celui-ci accepte :
« Il partait de Paris à quatre heures du matin et entamait ses trente bornes à pied - et à midi, il était arrivé.
Pour bouffer.
Sans avoir dit un mot, après le repas, il repartait pour Paris - toujours à pied - et muet. »
C'est là que le petit Claude apprend le commencement de la Première guerre mondiale, lors d'une réunion de famille. Son père va chercher sa mère à la petite gare. Elle revient de plusieurs représentations théâtrales au Creusot :
« J'ai pu avoir certains contacts », dit-elle, « avec des gens officiels - bien renseignés - et là on ne se gênait pas pour dire, le plus tranquillement du monde, que la guerre, c'était pour bientôt : Absolument inévitable, Madame... »
Claude Autant-Lara vend la maison ainsi que la propriété voisine, elle aussi construite par son père, dans les années trente, et achète une autre bâtisse sur les hauteurs de Luzarches, au hameau de Thimécourt. Ce n'est qu'en 1973 qu'il quitte la commune pour vivre définitivement à Paris, rue Lepic.
Aujourd'hui, un grand sapin de trente-trois mètres de haut immortalise le passage du réalisateur sur la route de Viarmes. Étant enfant, le petit Claude ne supportait pas que l'on jette les arbres de Noël. Une fois passées les fêtes, il les faisait replanter.