Né en 1952 en Algérie, Mehdi Charef arrive en France à l'âge de dix ans. Fils d'ouvriers, il grandit dans un bidonville de la région parisienne et entre lui-même à l'usine en 1970. Il arrête son métier d'affûteur en 1983, quand le Mercure de France publie son roman Le thé au harem d'Archimède.
Deux ans plus tard, il se lance dans le cinéma en autodidacte grâce à Costa-Gavras, qui lui conseille de réaliser lui-même la version cinématographique du roman dont il écrit le scénario. En 1985, son film intitulé Le Thé au harem d'Archimède est salué par le Prix de la jeunesse du Festival de Cannes, le prix Jean-Vigo et le César du meilleur premier film. Un réalisateur est né !
Représentant d'un cinéma d'auteur exigeant et lucide, Mehdi Charef signe des films ambitieux qui dénoncent les inégalités sociales et les obstacles que rencontrent les « enfants de France » sur la voie de l'intégration, quand leurs parents viennent des anciennes colonies du pays. Miss Mona (1986) raconte l'improbable amitié d'un jeune immigré sans papiers et d'un vieil homme travesti. Marie-Line (1999) illustre la prise de conscience progressive de la contremaître de l'équipe de nettoyage d'un supermarché, face à la vie dure des travailleuses invisibles. Cartouches gauloises (2006) revient sur « le passé qui ne passe pas » de la guerre d'Algérie. Graziella (2014) traite du parcours de combattants des détenus longues peines…
Depuis une trentaine d'années, Mehdi Charef vit aux confins de la forêt de L'Isle-Adam. C'est là qu'il écrit l'essentiel de ses scénarios et de ses pièces de théâtre. Entre deux films, il anime des ateliers dans les établissements scolaires ou à la maison d'arrêt d'Osny. Il est aussi professeur au Conservatoire libre du cinéma français.
Le cinéaste adamois vient d'obtenir le Prix littéraire de la Porte dorée 2020 avec son dernier roman autobiographique, "Rue des Paquerettes", publié en 2018 chez Hors d'atteinte.