Réalisateur d'une quarantaine de films en quarante ans, Jean Dréville (1906-1997) a été tour à tour ou en même temps acteur, adaptateur, dialoguiste, scénariste, cadreur, directeur de la photographie, ingénieur du son, monteur et producteur. Après quelques articles rédigés pour PhotoCiné, Cinégraphie et Stéréo, il débute dans le 7e art en 1928 en tournant le premier making of de l'histoire, Autour de l'Argent, qui retrace la genèse du film éponyme de Marcel Lherbier. Amoureux du cinéma muet, il consacre les dernières années de sa vie à restaurer des chefs-d'œuvre comme L'Inhumaine de Marcel Lherbier (1924) ou le Napoléon d'Abel Gance (1927).
Entre-temps, il a dirigé Madeleine Renaud (Les Petites alliées, 1936) et Charles Vanel (Les Affaires sont les affaires, 1943) ; Bourvil (La Ferme du pendu, 1945) et Pierre Fresnay (Le Visiteur, 1946) ; Suzy Delair et Louis Jouvet (Copie conforme, 1947), Bernard Blier et Noël-Noël (Les Casse-pieds, 1948) ou Jeanne Moreau (La Reine Margot, 1953) ; Pauline Carton (À pied, à cheval et en spoutnik, 1958) et Orson Welles (La Fayette, 1961). Chroniques de mœurs, documentaires, films de guerre, comédies hilarantes ou superproductions à grand spectacle et gros budget, presque aucun genre ne lui est étranger… Mais la qualité de son œuvre tient moins à cette diversité qu'à son constant souci d'effacement devant le travail du comédien.
Depuis sa maison de Vallangoujard, où il a vécu un demi-siècle, Jean Dréville a fait découvrir le Vexin à ses collègues cinéastes. Il a remis sur les rails le vieux train de la ligne Valmondois-Marines pour un des sketchs de Retour à la vie (1948).
Une fois retiré des plateaux, il a créé un ciné-club bon enfant au foyer rural du village. Ces soirs-là, les spectateurs pique-niquaient avec les vedettes invitées – Bertrand Tavernier, Marina Vlady, Claude Miller, Micheline Presles et bien d'autres encore –, avant d'assister à la projection assurée par un cinéaste hors du commun qui tenait aussi volontiers les rôles de programmateur, guichetier et conférencier…