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Joseph Kosma à La Roche-Guyon

Joseph Kosma à La Roche-Guyon
© Tous droits réservés
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Article publié le mardi 28 avril 2020 à 08h30
Né en 1905 à Budapest et formé à l'école de Berlin, Joseph Kosma arrive à Paris en 1933, pour fuir l'avènement du nazisme et tenter de devenir compositeur. En 1937, il rencontre celui qui va changé sa vie, Jacques Prévert :

« D'une rencontre providentielle naîtront quelque soixante-dix chansons : paroles de Jacques Prévert / musique de Joseph Kosma qui, au grand étonnement d'ailleurs de leurs auteurs, ont apporté à la chanson française une dimension et un esprit tout à fait nouveaux, ont suscité jusqu'à l'autre bout de la planète un surprenant intérêt, et que chacun, aujourd'hui encore, et pour longtemps sans doute, continue à fredonner. »


En 1936, il compose sa première musique de film pour Marcel Carné (Jenny). C'est le début d'une carrière exceptionnelle où il accompagne les chef-d'œuvre de Carné, Renoir ou Pierre Prévert. Citons Une Partie de campagne (1936), La Grande illusion (1937), La Bête humaine (1938), Les Visiteurs du soir (1942), Les Portes de la nuit (1945, dont la chanson les Feuilles mortes), La Marie du port (1949), Juliette ou la clé des songes (1951, prix de la meilleure partition musicale au Festival de Cannes) ou Le Déjeuner sur l'herbe (1959).

Il signe aussi la musique du magnifique dessin animé de Paul Grimault, La Bergère et le ramoneur (1952), La Chatte (1958) de Henri Decoin et la pantomine de Baptiste dans Les Enfants du paradis (1944).

Marcel Carné lui offre l'occasion de passer devant les caméras. C'est dans Jenny. Il apparaît quelques secondes à l'écran, jouant le rôle d'un pianiste de cabaret faisant répéter Sylvia Bataille.

En 1951, Joseph Kosma s'installe à La Roche-Guyon, dans la grande maison qu'il a fait construire sur les hauteurs des falaises des bords de Seine. Tout en continuant les musiques de films et les chansons, il s'oriente vers le théâtre lyrique.

« Ce qui importe dans la musique, dans l'opéra comme dans les chansons, c'est l'engagement. Et cet engagement doit être efficace. Je me pose bien souvent la question : y a t-il eu une unité dans mon travail ? Ai-je écrit ce que je devais écrire ?

Ce qu'il y a de certain, c'est que j'ai toujours rêvé d'écrire pour le théâtre. Mais les circonstances ne m'étaient pas favorables. Alors j'ai écrit des chansons et des musiques de films en essayant de ne trahir ni la poésie ni la musique. Exilé, toujours plus ou moins étranger, je me suis longtemps trouvé dans l'obligation de gagner immédiatement ma vie. Ma culture, le peu que je sais, je l'ai conquis face à la vie, dans la nécessité de produire. Je me souviens pourtant de moments où j'aurais voulu écrire autre chose, ou ne rien écrire du tout, pour avoir le temps d'apprendre, de réfléchir. Mais là, c'est mettre le doigt sur la situation du musicien, et plus généralement de l'artiste, dans la société contemporaine.

J'ai cherché à faire ce que je pouvais, sans illusion, mais quand même à écrire quelque chose qui touchera peut-être deux ou trois êtres qui réfléchiront... C'est tout... c'est pas plus. »

Joseph Kosma s'éteint en 1969, quelques semaines à peine après avoir composé sa dernière œuvre, Les Hussards, un opéra atonal créé à Lyon.
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